P-au-P, 25 avril 2017 [AlterPresse] --- Les organisations de défense des droits humains mettent en relief la grande faiblesse institutionnelle en Haïti, après la reconnaissance par Guy Philippe, le 24 avril, devant un tribunal fédéral en Floride, de sa culpabilité par rapport aux accusations de blanchiment d'argent et trafic de drogue formulées contre lui par la justice américaine..


Guy Philippe a plaidé coupable lors de sa comparution devant un tribunal de Floride, présidé par la juge fédérale Cecilia Altonaga et le 5 juillet prochain il connaitra sa sentence. (Celle-ci oscille entre un maximum de 20 ans, et 9 ans au minimum).
Jean Maxime Rony, coordonnateur de la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh), estime qu'un message est envoyé au système judiciaire haïtien pour lui demander de se réveiller, « parce que ce qui s'est produit n'est pas seulement un affront pour Guy Philippe, mais aussi pour la justice haïtienne ».
La justice haïtienne doit cesser de juger uniquement des petits voleurs de cabris, mais aussi prendre ses responsabilités vis-à-vis des gros crimes, poursuit-il.
« S'il y avait un système judiciaire solide en Haïti, ce qui s'est produit en Floride, aurait pu se passer dans le pays même. La Justice américaine n'aurait même pas eu le temps d'intervenir dans ce dossier », regrette Jean Maxime Rony.
Une autre institution éclaboussée, selon le coordonnateur de la Pohdh, est le sénat, qui avait adopté une résolution contre l'arrestation de Guy Philippe.
« La résolution du Sénat démontre clairement que les sénateurs n'étaient pas à la hauteur de l'institution qu'ils incarnent », tranche Jean Maxime Rony.
Il exige des autorités qu'elles fassent l'effort de remonter le niveau des institutions du pays. Les autorités doivent faire le choix clair de se démarquer de toutes personnes qui participent à des affaires illicites, exhorte-t-il.
Antonal Mortimé, du Collectif Défenseur Plus, dit regretter que la justice haïtienne et la police n'avaient pas eu le temps d'auditionner Guy Philippe peu avant son extradition vers la Floride. Ce qui n'a pas contribué à renforcer le système judiciaire haïtien.
Il croit également que ce dossier met à nu les faiblesses des institutions d'Haïti qui avaient donné à Guy Philippe les documents nécessaires pour se porter candidat aux dernières sénatoriales, notamment des certificats de la Direction générale des impôts (Dgi).
« Au niveau du Collectif défenseur plus, nous pensons que ce dossier suivra son cours, et nous espérons que tous les principes d'équité dans la justice américaine seront respectés dans le cas Guy Philippe », affirme Antonal Mortimé.