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Dans une volte-face historique, la très conservatrice Cour suprême des États-Unis a enterré vendredi un arrêt qui, depuis près d'un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter mais n'avait jamais été accepté par la droite religieuse.

Cette décision historique de la Cour suprême ne rend pas les interruptions de grossesse illégales, mais renvoie les États-Unis à la situation en vigueur avant l'arrêt emblématique « Roe v. Wade » de 1973, quand chaque État était libre de les autoriser ou non. Compte tenu des fractures dans le pays, une moitié des États, surtout dans le Sud et le centre plus conservateurs et religieux, pourraient les bannir à plus ou moins court terme. « La Constitution ne fait aucune référence à l'avortement et aucun de ses articles ne protège implicitement ce droit », écrit le juge Samuel Alito au nom de la majorité. Roe v. Wade « était totalement infondé dès le début » et « doit être annulé ». « Il est temps de rendre la question de l'avortement aux représentants élus du peuple » dans les parlements locaux, écrit-il encore.

L'héritage de Trump

Cette formulation est proche d'un avant-projet d'arrêt qui avait fait l'objet d'une fuite inédite début mai, provoquant d'importantes manifestations dans tout le pays et une vague d'indignation à gauche. Depuis le climat était extrêmement tendu autour de la Cour, où une imposante barrière de sécurité a été installée pour tenir les protestataires à distance. Un homme armé a même été arrêté en juin près du domicile du magistrat Brett Kavanaugh et inculpé de tentative de meurtre.

L'ancien vice-président républicain des États-Unis Mike Pence a chaleureusement salué vendredi la décision de la Cour suprême révoquant le droit à l'avortement, « jeté aux oubliettes de l'Histoire ». « En renvoyant la question de l'avortement aux Etats et au peuple, la Cour suprême a réparé une erreur historique », s'est félicité sur Twitter ce fervent chrétien évangélique, qui fut le bras droit de Donald Trump à la Maison Blanche.