10 millions de dollars américains viennent d'être injectés sur le marché des changes par la Banque de la République d'Haïti (BRH), le 6 avril 2017, informe l'institution dans un avis en date du 4 avril, dans lequel la BRH prévient les banques commerciales, les banques d'épargne et de logement que 10 millions de dollars ont été injectés sur le marché.
À partir de cette décision de la banque des banques, les institutions bancaires concernées par cet avis s'engageront à ne pas excéder 30 000 dollars américains par transaction et par client au taux de 69 gourdes pour un dollar. Elles auront, en outre, comme obligation de soumettre à la BRH les informations relatives aux ventes effectuées (acheteurs, montants et taux). Cette injection de 10 millions de dollars fait suite à une première effectuée au mois de mars d'un montant de 20 millions de dollars en vue de freiner la volatilité très alarmante du taux de change. Une volatilité très préjudiciable à la gourde qui, entre le départ du président Martelly et l'investiture du président Jovenel Moïse, a perdu plus de 10 points, ce qui appauvrit considérablement les ménages en réduisant considérablement leur pouvoir d'achat. Cette mesure de la BRH d'apporter de nouveaux billets verts sur le marché a le mérite de pallier la dépréciation effrayante de la gourde. Car depuis la première injection de 20 millions de dollars en mars dernier, la dégringolade de la gourde s'est stabilisée autour de 69-70 gourdes pour un dollar, ce qui a donné (en principe) un peu de répit aux consommateurs et aux potentiels investisseurs. Cependant, plusieurs analystes doutent de la capacité de la BRH à tenir la gourde à un niveau stable à long terme. Les réserves obligatoires de la banque centrale ne sont pas inépuisables et ne pourront pas résister à l'appétit vorace de certains agents économiques locaux pour le billet vert. La trop grande liberté laissée aux agents de change de fixer le taux de change à leur guise constitue, entre autres, une des grandes menaces planant sur la monnaie locale. Et les autorités monétaires n'arrivent pas encore à trouver la bonne parade contre ce phénomène. C'est fort de cet état de fait que le docteur en économie Mme Kathleen Dorsainvil a dénoncé l'action des « superagents de change » non enregistrés dans les archives de la BRH qui décident d'anticiper à leur guise une dévaluation de la gourde. De tels agissements rendent inconfortable la banque dans sa mission de protection de la monnaie locale. Selon Mme Dorsainvil, il serait temps pour la BRH de faire parler les normes régissant la profession d'agent de change et les pré-requis pour la pratiquer.