Dans le contexte du 30e anniversaire de la ratification de la Constitution du 29 mars 1987 ; sans cesse violée par les différents gouvernements qui se sont succédé en Haïti, l'Association nationale des médias haïtiens (Anmh) préconise « un large débat », qui servira, entre autres, à extirper, du contenu de la proposition de loi dite sur la diffamation, les germes, pouvant remettre en question les acquis, que sont la liberté d'expression ainsi que la liberté de la presse, garanties par la Constitution...

 

P-au-P, 28 mars 2017 [AlterPresse] --- Dans le contexte du 30e anniversaire de la ratification de la Constitution du 29 mars 1987, sans cesse violée par les différents gouvernements qui se sont succédé en Haïti, l'Association des médias haïtiens (Anmh) souhaite que la chambre des députés entame des consultations, relatives à la proposition de loi portant sur la diffamation, votée le 15 mars 2017 au sénat, « afin d'avoir un produit final, conforme aux préoccupations de tout un chacun ».

L'Anmh sollicite une rencontre pour discuter sur cette proposition, dans une correspondance en date du lundi 20 mars 2017, adressée au président de la chambre des députés, Cholzer Chancy, et transmise à l'agence en ligne AlterPresse,.

Ces échanges permettraient d'entamer « un large débat », qui servira, dit-elle, à enrichir la proposition de loi en question et extirper, de son contenu, les germes pouvant remettre en question les acquis, que sont la liberté d'expression ainsi que la liberté de la presse, garanties par la Constitution.

L'Anmh rappelle le droit d'informer, d'investiguer et « de dénoncer toute dérive, mettant en péril la quête de démocratie du peuple haïtien ».

Elle attire aussi l'attention des députés sur « la manière précipitée », dont la proposition de loi sur la diffamation a été votée au sénat de la république.

« Les médias, les associations de presse, les groupes organisés de la société et le reste de l'opinion se sont trouvés devant le fait accompli d'un nouveau projet de loi, qui n'a fait l'objet d'aucun débat, d'aucune consultation pour que chacun ait pu y apporter sa contribution », dénonce-t-elle.

La proposition de loi sur la diffamation a été votée à l'unanimité des sénateurs présents, dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 mars 2017, par le sénat de la république, en dehors de consultations préalables avec les associations de presse et patrons de médias.

Le sénateur Jean Renel Sénatus s'est même vanté du vote de la proposition de loi, par lui et ses pairs, qui « n'avaient pas à consulter au préalable » sur la question, vu qu'ils seraient « bien imbus du sujet ».

Une position, qui laisse voir ce que ces sénateurs considèrent comme démocratie et exercice de la démocratie...

Comment comptent-ils régenter la liberté d'expression et des corollaires, comme la liberté de presse et la liberté d'association ?

Avec une telle proposition de loi, dite sur la diffamation, l'intention devient manifeste de bâillonner la liberté de la presse et de menacer la liberté d'expression de chacune et de chacun, expriment beaucoup de journalistes et de professionnels de médias en Haïti.

15 sénateurs sur 16 (dont le président qui ne vote pas) ont voté en faveur de cette proposition de loi, qui viserait à « protéger l'intégrité et l'honneur de toute personne physique et morale, et doter, d'un cadre légal, la presse et tout autre moteur de propagande ».

Cette proposition de loi a été faite, en janvier 2014, par le sénateur d'alors du Sud-Est, Edwin Daniel Zenny.

Il comportait des articles liés notamment aux dispositions générales, les responsabilités relatives à la diffamation par voie de presse, ou par voie électronique, entre autres.

Divers secteurs voient cette proposition de loi sur la diffamation comme une tentative de bâillonnement de la presse.