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Grande-Anse, une richesse inestimable en péril !


Aujourd’hui, dire que la situation générale du département de la Grande-Anse est préoccupante relève d’un euphémisme, du beau langage. Catastrophique, c’est le mot qui décrit mieux, malheureusement, l’état lamentable dans lequel se trouve ce joyau d’une superficie de 2011.97 km2, situé au Sud-ouest de la Républiqued’Haïti. Frappé de plein fouet, tout au long de son histoire, par plusieurs catastrophes naturelles et anthropiques, le cyclone Azel en 1954, les crimes politiques perpétrés par le régime de François Duvalier, le récent tremblement de terre du 14 août 2021 avec plus de 13 mille maisons détruites et plus de 27 mille autres endommagées, ce département, dont la reconstruction à tous les niveaux s’inscrit dans l’urgence, est pourtant oublié. En fait, la Grande-Anse, malgré ses richesses connues, a toujours été négligée par l’Etat central. Il faut que quelque chose change dans cette région, notamment pour les plus de 500 mille habitants qui y vivent en 2022 !
En raison de sa richesse naturelle qui en fait un grenier par excellence, le département de la Grande-Anse figure sans conteste parmi les plus importants des dix (10) qui composent le pays. Par le passé, Jérémie, ville principale de la Grande-Anse, était réputée pour son agriculture vivrière, ses habitations caféières qui alimentaient pendant plus d’un siècle et demi les caisses de l’Etat, tout en enrichissant la bourgeoisie exportatrice de denrées. Pour l’histoire et pour la vérité, à l’Exposition Internationale de Paris (1931-1932), le cacao haïtien de la Grande-Anse, par le biais de la Maison Brézault, avait reçu la médaille d’or. Tout compte fait, c’est un département qui a marqué les goûts et les esprits. Ce fut une belle et grande histoire…, morte aujourd’hui, hélas ! Ne parlons pas des sommités de la littérature haïtienne qui y sont nés, Etzer Vilaire, René Philoctète, Edmond Laforest, Callisthènes Fouchard, Emile Roumer. Thomas Alexandre Dumas, père de l’écrivain français…, ce qui a valu à Jérémie le beau qualificatif de « Cité des poètes ». La ville ne se reconnait plus dans une telle appellation, depuis que le département est en proie à une fuite constante de son élite intellectuelle. A la liste des merveilles naturelles de la Grande-Anse s’ajoute la ville côtière de Pestel qui porte en son sein une mine de bauxite non exploité. L’agriculture, le commerce et la pêche étant les principales activités de cette commune, l’Etat haïtien se doit d’élaborer et exécuter un plan en faveur de cette véritable côte d’azur digne d’attirer des touristes. Que dire du fameux pont Estimé d’une valeur patrimoniale inestimable, mais malheureusement en état de constant délabrement, qu’il faut s’atteler à réparer… Doté d’une forte potentialité agricole et d’une grande richesse halieutique inestimable, le département de la Grande-Anse, avec les treize (13) communes qui le composent, peut jouer un rôle catalyseur dans le redressement de l’économie haïtienne effondrée. Pour ce faire, l’État haïtien doit en faire une « Priorité », à commencer par sa reconstruction et par la mise en place d’infrastructures agricoles, sanitaires, routières, entre autres. Pour mettre en relief ses potentiels culturels et touristiques, pour connaître à nouveau des heures de « Grandes gloires », la Grande-Anse a besoin d’un visionnaire capable et soucieux de : valoriser la production paysanne, garantir la sécurité foncière, encadrer les agriculteurs, améliorer le transport pour favoriser les échanges et attirer des touristes locaux et étranger, construire des écoles et des espaces universitaires. Aussi faut-il souligner d’un triple trait que la Grande-Anse a aussi grand besoin de sa diaspora jérémienne, véritable grenier d’hommes et de femmes de grandes compétences, de savoir et de savoir-faire, installés en terre étrangère. La liste des choses à faire est plus longue que le bras… Grosso modo, il faut un Plan Régional de Développement. Messieurs les décideurs, la reconstruction de la péninsule Sud ne peut plus attendre ! Même les 2 200 morts du séisme du 14 août 2021, depuis leur lieu de repos, la réclament.