Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) et le Réseau Sud-est de Défense des Droits Humains (RESEDH) ont rendu public leur rapport sur l'incident de Thiotte (dans le département du Sud-est) où un mineur de quatorze(14) ans a été blessé lors d’une intervention menée par la Brigade d’Intervention contre l’Insécurité Foncière (BRICIF), le 27 avril 2018, opération qui s’est soldée par un fiasco inimaginable.
Deux véhicules de la PNH (Police nationale d’Haïti) ont été incendiés et plusieurs armes et munitions abandonnées. Relatant les faits, les rapporteurs relèvent pendant leur investigation que le 27 avril 2018, vers 2 heures de l’après-midi, quinze (15) agents spécialisés de la BRICIF, montés à bord de deux (2) véhicules de type pick-up, de couleur noire et respectivement immatriculés 1-00164 et 1-00162, se sont rendus à Marmirande, dans la commune de Thiotte (SE).
Ils avaient pour objectif de faciliter une opération d’arpentage ordonnée par le secrétaire d’Etat à la Sécurité publique, Ronsard SAINT-CYR, sur réquisition du sieur Jacotin BLECK. Les enquêteurs rapportent que les policiers ont emprunté la route de Grand-Gosier pour atteindre Marmirande.
Cependant, arrivés à Nan Roma, Habitation Platon, ils ont trouvé la route barricadée d’arbres abattus. Ne pouvant traverser l’obstacle, ils ont décidé de rebrousser chemin. A leur grande surprise, la route qu’ils venaient d’emprunter était aussi barricadée.
Pour certains riverains, les agents de la BRICIF ont pris peur en raison de l’embuscade et l’une d’entre eux s’est mise à tirer à hauteur d’homme, touchant un mineur âgé de quatorze (14) ans, Frico MIDY, qui se trouvait au bord de la route. La foule s’est alors agrandie. Pris de peur, certains agents de la BRICIF auraient décidé de rendre leurs armes et de s’enfuir.
Les institutions de droits humains font remarquer que si l’arrêté créant la BRICIF la place sous la direction du Ministre de la justice et fait du responsable de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) un de ses membres actifs, les méthodes d’intervention ainsi que les autorités aptes à ordonner une intervention de terrain, ne sont pas clairement établies.
Justement le Ministre de la Justice et de la Sécurité publique, le Directeur général de la Police Nationale d’Haïti et le Directeur départemental du Sud-est, n’avaient pas été mis au courant de l’intervention du 27 avril 2018, conclut le rapport.
Le RNDDH et le RESEDH attirent l’attention de tous sur le fait que donner autant de capacités à une structure placée sous la direction d’autorités politiques, peut s’avérer dangereux quand on sait combien le trafic d’influences a, en Haïti, une place prépondérante dans les rapports sociétaux, conclut le rapport.