13 Avril 2025 Société VBI - Autrefois, la semaine sainte en Haïti vibrait au rythme de la foi, de la mémoire chrétienne et de traditions populaires, ancrées dans la culture du pays. Du vendredi saint au dimanche de Pâques, chaque moment était marqué par des rites symboliques, des coutumes familiales et un esprit de recueillement collectif. Aujourd’hui, ces traditions s’effacent peu à peu, englouties par la réalité brutale de l’insécurité généralisée.
Port-au-Prince, le 13 avril 2025. – En effet, cette période était visible et vibrante. Le ciel se remplissait de cerfs-volants, les églises résonnaient de cultes et de chants. Les familles se réunissaient autour de plats traditionnels. En 2025, tout cela semble appartenir à un autre temps. Faire voler un cerf-volant est devenu un acte rare, presque interdit. Le simple fait d’être sur un toit avec un cerf-volant en main représente un danger. Les balles perdues, fréquentes même dans des zones hors du contrôle des gangs, dissuadent toute tentative. La tradition a disparu, remplacée par la peur ...
Des milliers de personnes vivent aujourd’hui dans des conditions précaires. Elles n’ont ni le temps ni l’espace pour célébrer quoi que ce soit. La survie est devenue la priorité. Les rites religieux sont relégués au second plan. Les traditions se perdent et personne n’a le luxe d’y penser.
Les églises, elles aussi, ont vu leur programmation bouleversée. Le chemin de croix du vendredi saint, autrefois organisé en procession dans les rues, n’aura pas lieu au centre-ville cette année. Les artères principales, notamment le Champ de Mars, l’avenue Christophe et les environs, sont désormais contrôlées par des gangs. Cela empêche tout rassemblement public. Malgré les efforts de l’Église catholique pour adapter les célébrations, les fidèles peinent à y accéder.
Les églises protestantes du centre-ville, notamment les pentecôtistes et les baptistes, ont également suspendu leurs cultes liés à la semaine sainte. La traditionnelle prononciation des sept paroles de Jésus sur la croix ne sera pas entendue cette année. La majorité de ces temples sont inaccessibles depuis les nouvelles offensives du début de l’année.
Plus de Passion du Christ, ni d’activités festives …
Autrefois diffusé massivement à la télévision locale, le film La Passion du Christ, qui retraçait les dernières heures de Jésus, est aujourd’hui totalement absent des écrans. D’une part, l’insécurité et les préoccupations quotidiennes ont pris le dessus. D’autre part, la majorité des chaînes locales sont à l’arrêt. Elles ne sont plus en mesure d’assurer leur grille de diffusion traditionnelle.
Plus aucun promoteur n’ose organiser de festivités ou d’événements culturels. Les gens ne cherchent plus à se rassembler, mais à fuir. Ils courent de refuge en refuge, de maison en maison, loin des balles, loin des braquages, loin de la terreur.
Dans ce désordre national, que font les autorités ? Comme à chaque fête, religieuse ou nationale, on attend une note de presse. Quelques mots symboliques seront peut-être prononcés, accompagnés d’une action ponctuelle pour sauver les apparences.
Mais sur le terrain, rien de concret pour enrayer cette spirale de chaos. Rien pour restaurer les traditions. Rien pour freiner l’avancée des groupes armés. Le pays, impuissant, attendra une autre fête, une autre date, pour une nouvelle note.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)