Port-au-Prince, le 6 décembre 2017 - (AHP) - Des milliers de personnes ont participé, le mardi 5 décembre, dans les rues de la capitale à une importante marche pacifique pour dénoncer la corruption et l'impunité qui gangrènent, disent-ils, l'administration publique.

 

Cette marche a coïncidé avec la sortie d'un rapport d'une commission sénatoriale qui a épinglé de nombreuses personnalités, dont des anciens premiers ministres, anciens ministres et anciens hauts fonctionnaires de l'Etat dans la gestion des Fonds Petro Caribe.

Les participants à cette manifestation qui a été lancée par le Collectif du 4 décembre, ainsi que d'autres associations affiliées dont l'UNNOH, ont dénoncé à coups de slogans et tout au long du parcours, des anciens hauts fonctionnaires dans le scandale de dilapidation des fonds du programme Petro Caribe.

La foule était notamment composée de plus de milliers d'anonymes, de responsables d'organisations de la société civile et de partis politiques, entre autres Jean Hénold Buteau de l'Alternative socialiste, Anthonal Mortimé du collectif Défenseurs plus, Jean-André Victor du Mopod, et des anciens candidats à la présidence Mario Andrésol, Eric Jean-Baptiste et Marie-Antoinette Gauthier.

Tous, ils ont appelé les autorités compétentes à assumer leurs responsabilités dans le cadre de la lutte contre la corruption.

Ils ont exprimé le souhait que les recommandations du rapport de la commission sénatoriale qui a enquêté sur la gestion des fonds Petro Caribe, soient exécutées, s'il y a lieu, contre toute personne soupçonnée d'avoir détourné les deniers publics.

Qu'ils soient montrés du doigt ne signifie pas qu'ils sont coupables, mais que la justice ne se prononce pas, c'est un tort de plus causé à la population qui aura à rembourser une dette qui n'a pas servi a améliorer ses conditions d'existence, mais à enrichir un petit groupe, ont souligné les protestataires.

Quelques incidents ont été enregistrés sur le parcours. Le responsable de l'ODEPH-Haiti, un nouveau parti politique, Assad Volcy a été agressé par des individus qu'il a assimilés à des "envoyés et manipulés" de son ancien camarade de lutte, Jean-Charles Moise de PITIT Dessalines, qui de leur côté l'ont accusé de trahison.

L'ancien candidat à la présidence de Pitit Desalin, Jean-Charles Moïse (toujours convalescent) qui se remet d'une crise de tension, n'a pas réagi aux accusations de son ancien camarade.

La marche contre la corruption n'a pu aboutir devant les locaux du Parlement où un document devrait être remis, les policiers ayant dispersé la foule, à coups de gaz lacrymogènes, dans les parages du palais législatif. Mais le coordonnateur du Collectif du 4 décembre 2013 qui avait lancé la manifestation, Jean-Robert Argant, s'est déclaré satisfait.

Nous avons lancé la bataille contre la corruption qui gangrène l'administration et nous allons la poursuivre, a dit M. Argant qui annonce que le document allait être remis aux parlementaires le 9 décembre, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre la corruption.

Le président du Sénat Youri Latortue a déploré que le document n'ait pu être remis au parlement, contrairement à ce qui avait été annoncé. Il a rejeté toute implication du corps législatif dans les incidents provoqués par la police, ayant abouti à la fin "prématurée" de la manifestation.

Nous avions une délégation qui les attendait, a dit l'élu de l'Artibonite qui rappelle que c'est au parlement et sous sa direction, qu'avait été initiée l'enquête sur l'utilisation des fonds Petro Caribe.

Il faut que les corrompus soient jugés, a dit Me Latortue, rappelant que, suivant des données disponibles, environ 25% du budget national se noie dans la corruption, que la contrebande nous fait perdre environ 500 millions de dollars à la frontière sans oublier le scandale Petro Caribe.

Pour beaucoup de secteurs, les personnalités ciblés dans le cadre du rapport de la Commission sénatoriale, ont intérêt à s'expliquer devant la justice, pour effacer, si possible, tout doute à leur égard.

"Ce ne sont ni des médias, ni des partisans, ni des tapages et des injures sur les réseaux sociaux qui les laveront d'éventuelles souillures", a indiqué lundi un diplomate ayant requis l'anonymat, rappelant que le chef de l'Etat (Jovenel Moïse) a pris l'engagement public de combattre la corruption..