Déclaration du représentant de la France au Conseil
Haïti : cette situation n’est pas tenable sur le long terme


La France observe avec une grande préoccupation la dégradation de la situation en Haïti. Nous l’avons répété maintes fois, la solution à la crise actuelle est politique. Et comme nous le savons, faute d’élections, le Parlement ne siège plus depuis un an déjà. Les autorités haïtiennes gouvernent par décret et certains de ces décrets sont une source d’inquiétude, notamment celui créant l’Agence Nationale d’Intelligence, celui élargissant l’imputation de « terrorisme » ou encore celui qui a conduit au renvoi de trois juges pourtant inamovibles selon la constitution. Je le dis sans ambiguïté, cette situation n’est pas tenable sur le long terme.

Des élections ont été annoncées cet automne et c’est un pas dans la bonne direction bien sûr. Encore faut-il que ces scrutins contribuent à une sortie de crise et ne rajoutent pas à la confusion actuelle. Selon nous, trois conditions doivent être remplies afin qu’Haïti retrouve le chemin de la stabilité. Premièrement, des conditions de sécurité minimales doivent permettre aux scrutins de se tenir dans des conditions satisfaisantes. Deuxièmement, les autorités doivent accélérer la distribution des cartes d’identification afin de garantir une participation électorale la plus large possible. Troisièmement, un juge électoral impartial doit être établi de manière à ce que les résultats en soient acceptés par tous.
Monsieur le Président,
Je pose la question sans détour : comment est-il possible aujourd’hui que Jimmy Cherizier soit toujours en liberté ? Les responsables des massacres de La Saline ou de Bel Air doivent être traduits en justice. Je constate également que l’enquête sur l’assassinat de Monferrier Dorval ne progresse pas. La lutte contre l’impunité doit être la priorité des autorités.
Face à la recrudescence des violences, et en particulier la multiplication des enlèvements par les gangs, l’État haïtien doit redoubler d’efforts.
Près de quatre millions d’Haïtiens vivent dans l’extrême pauvreté et souffrent d’insécurité alimentaire, comme plusieurs de mes collègues l’ont rappelé. Cette situation ne peut qu’accroître les fractures sociales et les tensions.
En conclusion, je souhaite réaffirmer que la France à titre national, mais aussi à travers l’action de l’Union Européenne et de l’Organisation internationale de la Francophonie, se tient plus que jamais aux côtés d’Haïti et des Haïtiens.