S'achemine-t-on vers un taux de change de 60 gourdes pour un dollar dans les jours qui viennent ? La probabilité n'est pas à écarter de l'avis de l'économiste Eddy Labossière. La dévaluation de la devise nationale par rapport au billet vert, risque de se poursuivre du fait de l'absence d'investissements dans le pays et surtout en raison de la période électorale.

L'économiste appelle à l'intervention de la Banque centrale pour ralentir cette chute. Dans son analyse, Eddy Labossière prévoit une plus grande paupérisation de la classe moyenne.
L'économiste évoque plusieurs facteurs pour expliquer la décote de la gourde : la faiblesse de la production nationale, la faiblesse des exportations, l'incapacité de l'Etat haïtien pendant les trente dernières années d'investir dans le secteur productif ...
''Il n'est pas normal qu'Haïti importe 70% des biens et services pour satisfaire la demande intérieure'', s'indigne Eddy Labossière.
Alors que l'on a déjà franchi la barre symbolique des 54 gourdes pour un dollar, l'économiste prévoit la poursuite de la chute de la monnaie haïtienne durant la période électorale.
Par ailleurs, M. Labossière reproche à l'Etat haïtien ses dépenses à outrance et souvent non-calculées. Ce qui, selon lui, occasionne le déficit budgétaire.
''L'Etat doit cesser de dépenser par rapport à sa capacité de recette qui est trop faible'', conseille-t-il, avant de condamner également la bourgeoisie qui n'investit pas assez dans l'économie nationale.
Face à la dépréciation de la gourde, Eddy Labossière invite la banque centrale à intervenir par l'opération de marché ouvert.
''Si l'on atteint les 100 gourdes pour un dollar, la classe moyenne s'effondrera'', prévient-il. Si rien n'est fait tant au niveau de l'Etat qu'au niveau du secteur bourgeoisie économique, on aura alors un pays à deux classes : les pauvres majoritaires et la bourgeoisie minoritaire, conclut l'économiste. HPN