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Garry Conille sur la BBC : ‘‘La sécurité et les élections en Haïti, un défi pressant’’…
PORT-AU-PRINCE, vendredi 9 août 2024– Dans une interview marquante accordée à l’émission ‘‘Hardtalk’’ diffusée le 7 août 2024 sur la BBC et animée par Stephen Sackur, le Dr Garry Conille, Premier ministre intérimaire d’Haïti, a détaillé les enjeux critiques auxquels son gouvernement fait face, notamment la tenue des élections et la situation sécuritaire préoccupante.
Concernant la question de la tenue des élections, Dr Conille a souligné que son administration s’est engagée à organiser des élections libres et équitables afin de remettre le pouvoir a des dirigeants élus d’ici février 2026. “Nous travaillons très dur pour la formation du conseil électoral provisoire (CEP) pour mettre en place des systèmes qui nous fourniraient des options pour garantir que nous ayons des élus d’ici le 7 février”, a-t-il affirmé.
Cependant, il a reconnu que cet objectif reste difficile à atteindre sans un soutien accru de la communauté internationale. “Si nous n’obtenons pas très bientôt l’aide et le soutien dont nous avons besoin, en particulier en ce qui concerne la mission mais aussi en ce qui concerne l’humanitaire et le relèvement précoce, ce sera en effet extrêmement difficile”, a-t-il déclaré.
Le Premier ministre a évoqué la situation sécuritaire critique qui sévit en Haïti, décrivant une capitale largement contrôlée par les gangs. “80 à 85 % de la capitale est toujours très contrôlée par eux”, a-t-il reconnu, tout en précisant que “la majeure partie du pays, c’est-à-dire huit des dix départements, en dehors de la capitale, fonctionne encore assez bien.” Cette situation complexe, où les gangs comme celui dirigé par Jimmy Cherizier, alias Barbecue, exercent une influence significative, rend la gouvernance particulièrement ardue.
Malgré ces difficultés, Dr Conille reste optimiste quant à la capacité de son gouvernement à améliorer la sécurité et à répondre aux besoins de la population. Il a mis en avant les récentes initiatives, telles que la nomination consensuelle de nouveaux responsables de la police, pour renforcer les institutions et restaurer l’ordre. “Nous avons changé la police, nous avons changé le chef de la police avec un large consensus”, a-t-il précisé.
Interrogé sur sa capacité à diriger le pays en ces temps troublés, Dr Conille a souligné l’importance de la collaboration avec la communauté internationale et des réformes internes. Il a appelé à une assistance urgente, notamment par le biais d’une force multinationale pour soutenir la Police nationale haïtienne. “Il ne fait aucun doute dans mon esprit que nous manquons de personnel. Ainsi, l’assistance immédiate de la communauté internationale sous la forme d’une force multinationale est extrêmement importante”, a-t-il insisté, soulignant que les Haïtiens étaient impatients de voir des résultats concrets.
En ce qui concerne la communauté internationale, Dr Conille a exprimé sa frustration face au rythme lent de l’aide promise. Il a fait référence à l’aide humanitaire, qui n’est financée qu’à hauteur de 30 %, et a appelé à une plus grande solidarité internationale. “Nous avons besoin de solidarité, et c’est urgent”, a-t-il lancé, en appelant les partenaires historiques d’Haïti, tels que les États-Unis et l’UE, à intensifier leur soutien.
Stephen Sackur a également évoqué la méfiance historique envers les interventions internationales, citant les précédentes missions en Haïti qui avaient laissé des séquelles dans la population. Dr Conille a assuré que des garde-fous étaient en place pour minimiser les risques et tirer les leçons du passé. “Leur rôle et leur mission sont très spécifiques et restreints. Et nous avons mis en place des garde-fous qui tenteront de minimiser tout risque de ce qui s’est produit dans le passé”, a-t-il précisé.
La question de la sécurité personnelle de Dr Conille a également été soulevée, compte tenu des précédents tragiques, tels que l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021. Le Premier ministre intérimaire a exprimé sa détermination à servir son pays malgré les risques, déclarant que c’était un devoir envers les Haïtiens. “Quand est venu le temps de donner en retour, nous n’avons pas hésité”, a-t-il affirmé.
Dr Conille a conclu en exprimant sa foi dans la résilience du peuple haïtien et sa détermination à surmonter les défis actuels. “Je ne sous-estime pas le courage du peuple haïtien”, a-t-il affirmé, rappelant que l’unité et la solidarité ont permis à Haïti de triompher de défis apparemment insurmontables dans le passé.