Avec plus de trois ans de retard, Haïti se lance dans un processus électoral pour élire tous les maires du pays, tous les députés et les deux tiers du Sénat. Faute d'élus, le Parlement a cessé de fonctionner il y a dix jours et la communauté internationale a vivement recommandé de convoquer des élections au plus tôt, comme la Constitution l'exige. Une première étape a été franchie le jeudi 22 janvier avec l'installation d'un Conseil électoral provisoire (CEP) mais son indépendance pose question.

 

Avec la correspondante de RFI à Port-au-Prince, Amélie Baron

La première étape sur le chemin des élections haïtiennes a été franchie le jeudi 22 janvier avec l'installation du Conseil électoral provisoire, une administration en charge des scrutins. Comme le Parlement n'est plus en fonction, le président Michel Martelly avait donné à la société civile le pouvoir de choisir les 9 membres du CEP. Les organisations religieuses, syndicales, patronales, universitaires, médiatiques, celles défendant les droits de l'homme et les organisations féministes, ont donc reçu le mandat de nommer leur conseiller.
Mais le CEP est déjà l'objet de vives critiques. La société civile dénonce une mainmise du pouvoir exécutif sur la nomination des conseillers. La personne représentant désormais le secteur « femmes » au sein de l'administration électorale, n'a pas été choisie de façon démocratique : elle a été imposée aux féministes. La Sofa, organisation dominante dans le pays, dénonce une magouille du pouvoir qui a parachuté sa candidate.
Marie-France Joachim, la coordonnatrice de la Sofa, raconte comment lors de leur réunion, Yolette Mengual a envahi le local avec des dizaines de femmes pour empêcher toute discussion. Sous la menace et les intimidations, le débat prévu n'a pas eu lieu et cette femme, Yolette Mengual, est désormais conseillère électorale. Or, elle est loin de répondre aux critères d'indépendance requis pour le poste : elle est ni plus ni moins que la numéro 2 d'un parti politique dirigé par un conseiller du président. Dès son premier jour d'existence, la crédibilité du Conseil électoral est donc remise en question.