AHP- 22 juillet 2018- Une semaine après la démission du premier ministre Jack Guy Lafontant, aucun nom n’a encore été proposé dans le cadre des discussions lancées par le président Jovenel Moise autour du choix d’un nouveau premier ministre.
La série de réunions se poursuit cette semaine au palais national.
Après avoir rencontré des représentants du secteur des affaires, des leaders religieux et des défenseurs de droits humains, le chef de l’Etat prévoit de s’asseoir avec des artistes et des étudiants.
Entretemps, les suggestions et les mises en garde se multiplient dans le cadre de débats citoyens. Des sénateurs et des députés jurent par tous les diables de l’enfer, qu’ils ne cautionneront plus leur vote à des privilèges et que le vote de ratification du premier ministre ne sera plus jamais un vote politique au Parlement.
D’autres promettent de ne plus s’immiscer dans la constitution du gouvernement et conseillent même au président Jovenel Moise de ne négocier aucun poste ministériel avec des parlementaires.
Des citoyens proposent la réduction à 12 du nombre de ministères fixé à 18 par la loi et estiment qu’il y a lieu de repenser les attributions des institutions publiques
De nombreux secteurs mettent aussi le chef de l’Etat en garde contre toute tentation de nommer un Jack Guy Lafontant bis à la tête du gouvernement.
Mais quel type de gouvernement faut-il au pays, alors que les appels à la démission du chef de l’Etat lui-même se multiplient ?
Un gouvernement qui rassure la population d’un changement clair et réel de direction que le pays compte prendre, car le 7 juillet, le président avait dit avoir entendu et compris. Qu’il le prouve aujourd’hui !
Un gouvernement qui montre qu’on ne peut plus continuer de perpétuer un système producteur de 6 millions pauvres vivant dans des conditions infâmes et infrahumaines . Un gouvernement capable de rassurer la population que quelque chose va changer ici pour la grande masse, notamment les ouvriers, les paysans et les jeunes qui ne se verront plus obligés de partir en masse au Chili, en Argentine ou en RD se faire humilier.
Mais aussi un gouvernement capable de rassurer la minorité de la protection de ses biens après les violences des 6, 7 et 8 juillet, susceptible de lui faire comprendre non pas la nécessité de continuer à acheter pour revendre, mais d’investir dans son pays, et surtout de produire non seulement pour la consommation de la population, mais aussi pour la substitution des produits importés notamment de la RD et pour la compétitivité.
Il faut un gouvernement capable aussi de rassurer l’international, car Haïti n’est pas en vase clos.
Le gouvernement haïtien a négocié récemment, mais de façon légère avec le FMI, un accord sur les prix du carburant, en laissant comprendre qu’il pouvait le faire passer avec des programmes jugés bidon, du type de Timan cheri, ou d’un plat de riz chaque jour.
On sait ce à quoi l’augmentation abusive et impopulaire des prix de l’essence, a abouti les 6, 7 et 8 juillet derniers :des morts, de nombreuses casses et aussi des pillages.