juin 14, 2025 brèves VBI - Dans un communiqué publié vendredi, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, dresse un tableau glaçant :
Genève / Port-au-Prince, 14 juin 2025.- 2 680 personnes tuées entre le 1ᵉʳ janvier et le 30 mai 2025, dont 54 enfants ; 957 blessés et 316 enlèvements contre rançon confirmés ;
1,3 million de déplacés internes, record historique pour le pays.
« Ces chiffres, déjà terrifiants, ne reflètent pas l’ampleur des horreurs subies chaque jour par les Haïtiens », insiste M. Türk.
Gangs en expansion, État en retrait …
Les groupes armés étendent désormais leur emprise vers le Centre et l’Artibonite, multipliant viols, recrutements forcés d’enfants et attaques ciblées contre les civils.
À Mirebalais et dans le Bas-Artibonite, les gangs ont libéré plus de 500 détenus, incendié des commissariats et massacré des habitants – 25 morts le 20 mai, une famille de six personnes exécutée le 30 mai à Pernier.
Dans la capitale, la Police nationale intensifie ses opérations ; résultat : 1 448 personnes tuées depuis janvier, dont 65 exécutions extrajudiciaires présumées, selon l’ONU.
« Tout usage de la force létale doit respecter les principes de légalité et de proportionnalité », rappelle le Haut-Commissaire, demandant que les responsables, qu’ils soient gangsters ou agents de l’État, répondent de leurs actes.
Appel à une riposte internationale coordonnée …
Volker Türk pointe deux moteurs de la crise : l’impunité et la corruption. Il exhorte les autorités haïtiennes à :
1. Créer des chambres spécialisées pour juger les crimes sexuels, les homicides de masse et la corruption ;
2. Réformer la chaîne pénale pour réduire la détention préventive et protéger les témoins.
À la communauté internationale, il demande :
Un soutien financier et logistique accru à la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), encore sous-dotée ;
L’application stricte de l’embargo sur les armes décrété par le Conseil de sécurité ;
La suspension des retours forcés de migrants haïtiens : « Nul ne doit être renvoyé vers un pays où sa vie est en danger ».
Une crise régionale …
Les Nations Unies craignent déjà des répercussions dans toute la Caraïbe : flux migratoires, trafic d’armes, instabilité commerciale. « La défaillance de l’autorité publique haïtienne devient un problème de sécurité régionale », avertit le HCDH.
En attendant une réponse coordonnée, la population civile reste livrée aux exactions de gangs surarmés. Volker Türk conclut : « Sans justice, sans moyens et sans volonté politique claire, Haïti continuera de s’enfoncer dans une crise qui dévore ses institutions… et l’espoir de ses citoyens. »
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)