Inauguration à Montréal de la Place Paul Déjean

 L’Arrondissement  de Rivière-des-Prairies/Pointe-aux-Trembles et les groupes communautaires à la base de ce projet, ont inscrit le nom de Paul Déjean dans la mémoire collective de l’arrondissement, de la Ville et en fait de tout le Québec.

 L’action de Paul Dejean n’a pas toujours été comprise et il n’a pas toujours fait l’unanimité, mais tous conviennent qu’il n’est jamais resté indifférent aux problèmes que confrontait la communauté, qu’il a toujours répondu présent à toutes les urgences et qu’il abordait toutes les questions qui retenaient son attention avec une détermination qui forçait le respect.

 En plus d’être un bon organisateur, il est parti de rien pour mettre sur pied le premier véritable organisme communautaire de service de la communauté et obtenir autant d’appuis dans la société d’accueil.

 Paul Déjean n’a pas marqué seulement l’histoire de la communauté haïtienne de Montréal. Il a eu une influence certaine sur le Québec en contribuant à éclairer et à faire avancer le débat public sur bien des questions encore d’actualité comme  

 

-       l’immigration : ses nombreux articles et entrevues sur ce thème en ont fait véritablement un sujet « grand public »,

-        les relations avec la police : lors des premières frictions entre les jeunes de la communauté et la police au Parc Sainte-Bernadette, il réagit assez vite pour assister en direct à la dernière partie des évènements et il s’est présenté sur les lieux accompagné d’un éditorialiste du quotidien Le Devoir, Jean-Claude Leclerc qui dès le lendemain, publie un témoignage sur ce qu’il avait vu.

-       le racisme, notamment dans l’industrie du taxi. Paul a  réuni dès le début de la crise trois groupes de chauffeurs et les a aidé à constituer un front uni. Ils parleront d’une seule voix lors de  la toute première enquête publique de la Commission des droits de la personne, enquête dont les recommandations modifieront profondément cette industrie.

 

Paul Déjean n’a pas non plus ménagé son concours à d’autres communautés

 

-       communautés de la diaspora haïtienne : le Bureau faisait partie d’un regroupement de centres communautaires haïtiens qui travaillaient à travers le monde sur le dossier de l’immigration. 

-       communautés du Québec également : les Portugais par exemple qui avaient eu des initiatives intéressantes sur les questions d’immigration mais aussi des Africains ou des Latino-américains qui s’adressaient au Bureau pour les accompagner.

 

Enfin, il est inutile de dire que pour cet exilé, la solidarité avec Haïti a toujours été une préoccupation de premier plan. En effet, Paul fut un exilé, il fut expulsé en 1969 en raison de son implication pour le changement. L’action communautaire à Montréal a été sa façon de continuer à vivre son sacerdoce et son engagement pour  la justice sociale.

 

Paul, aujourd’hui, l’arrondissement de Rivière-des-Prairies/Pointe-aux-Trembles, la Ville de Montréal et la communauté haïtienne prennent le temps de te dire  que nous nous souvenons, que nou pap janm bliye w. Un très grand merci pour tout.

 

Jean-Claude Icart, 3 octobre 2015.