INNOVA NEWS
Depuis l’arrêt forcé de la centrale hydroélectrique de Péligre, Port-au-Prince et plusieurs zones avoisinantes subissent de longues et fréquentes coupures d’électricité. La capitale, qui dépend de cette centrale pour environ 54 mégawatts de sa production énergétique, fait face à de lourdes conséquences économiques : pertes de marchandises, retards de livraison, fermetures d’entreprises et augmentation du coût du carburant pour celles qui tentent de maintenir leurs activités.
Marlène Pierre, entrepreneure de 36 ans et propriétaire d’un studio de beauté à Nan Sitwon, raconte son calvaire : « Le quartier a été alimenté en électricité pour la première fois cette semaine après trois mois de coupure. Pour garder mon entreprise en activité, j’ai dû recourir à une génératrice. Cela a considérablement augmenté mes coûts, et les clients se font plus rares. Cette situation affecte presque toutes les entreprises qui dépendent exclusivement de l’EDH », confie-t-elle.
La sienne n’est pas un cas isolé. Boss Joe, vendeur de boissons gazeuses, vit la même réalité : « Faute d’électricité, j’ai parfois dû arrêter mes activités plusieurs jours de suite. Or, ma famille dépend entièrement de ce commerce », explique ce quinquagénaire. Selon lui, certaines entreprises, comme les chambres froides, n’ont d’autre choix que d’augmenter leurs prix en raison de la consommation excessive de carburant.
Artisans, pharmacies, centres de santé publics et privés, commerçants de denrées nécessitant une conservation sous refrigeration … la liste des secteurs touchés par cette coupure est longue. Tous voient leur chiffre d’affaires chuter, aggravant une économie régionale déjà fragilisée par l’insécurité et la violence des gangs. Bien qu’aucun chiffre officiel ne soit disponible, les témoignages recueillis auprès de certains propriétaires — studios de beauté, poissonneries, vendeurs de boissons gazeuses, artisans, pour ne citer que ces secteurs — mettent en lumière l’ampleur des conséquences de cette coupure.
De nombreuses interrogations restent en suspens : quand la centrale de Péligre reprendra-t-elle du service ? Pendant combien de temps les PME pourront-elles encore supporter ces charges supplémentaires ?
En juin dernier, excédés par les coupures et l’inaction des autorités malgré de multiples appels, des centaines de citoyens avaient envahi la centrale de Péligre, provoquant son arrêt. Depuis, une grande partie du département de l’Ouest est plongée dans le noir. Trois mois plus tard, le Conseil présidentiel de transition (CPT) et le gouvernement semblent reléguer ce problème — tout comme la situation dramatique de Mirebalais, aujourd’hui sous contrôle des gangs — au bas de leurs priorités.
Innova News