Il faut lancer un débat national sur la reconstruction après le séisme du 12 janvier qui a ravagé Port-au-Prince et d’autres régions d’Haiti, propose la Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda).
L’économiste Camille Chalmers, Secrétaire exécutif de la Papda, attire l’attention du public sur la préparation en cours du PDNA (Post disaster needs assessment) par le gouvernement depuis le 17 février dernier. Le Pdna doit intégrer la vision de reconstruction qui sera discutée le 17 mars à Santo Domingo et le 31 mars à New York.
L’inquiétude affichée par le secrétaire exécutif de la Papda concerne « l’absence des acteurs haïtiens » et la présence uniquement de « quelques technocrates et quelques représentants des Nations Unies » dans les débats qui doivent orienter la reconstruction.
« Beaucoup de projets de reconstruction (d’Haiti) dont nous avons pris connaissance sont basés surtout sur la remise en place de ce qui existait déjà », relève Chalmers.
« Si nous prenons comme exemple le secteur éducatif, avec plus de 70% de l’offre scolaire a Port-au-Prince détruite, la question n’est pas de reconstruire ces écoles la ou elles étaient, mais de savoir comment redéployer cette offre au niveau national, comment permettre au million d’enfants non scolarisés de l’être », poursuit-il.
D’autre part, abordant la problématique de la crise humanitaire, Camille Chalmers fait part de son inquiétude face aux réponses apportées par le gouvernement et ses partenaires internationaux, sans « une vision de long terme qui permette que les actions posées dans l’urgence adressent celles de l’avenir ».
« L’urgence et la reconstruction ne sont pas deux choses détachées l’une de l’autre, elles sont complémentaires l’une et l’autre et doivent intégrer la même vision », préconise-t-il.Selon les chiffres officiels, un peu plus de 3 millions de personnes ont été touchées dans le cadre de la distribution de l’aide alimentaire et environ 400.000 ont reçu un abri.Le secrétaire exécutif de la Papda souligne cependant que la phase d’urgence n’a pas encore été dépassée plus d’un mois après, et dénonce le non respect de la dignité des sinistrés dans la distribution de l’aide internationale.
« D’une part les victimes n’ont pas été consultées sur le type d’aide qui pourrait être prioritaire, et d’autre part les mécanismes de distribution sont des mécanismes individualisés qui font fi complètement des structures organisées internes ».
L’économiste dénonce également le « peu d’attention accordé au secteur rural » jusqu’ici. Selon lui, si ce secteur avait eu le support nécessaire, avec 25% d’augmentation de la production agricole en 2009, il aurait pu apporter un appui significatif en vue de la résolution de la crise.
Mais avec près de 600.000 déplacés dans les villes de provinces il dit craindre plutôt l’apparition de nouvelles poches de famine dans le pays