Une séance de plus de huit heures de temps lundi soir au Sénat de la
république.

Il s’agissait pour les Sénateurs d’écouter le Premier ministre faire l’exposé de sa Déclaration de politique générale. Entouré de son cabinet ministériel au complet, Mr Jean Max Bellerive avait l’air sûr de lui et plutôt affirmatif.
« Les caisses de l’Etat sont vides » a t-il tenu à faire ressortir. « Aussi malgré le bien fondé de toutes vos réclamations, il va falloir faire un choix, parer au plus pressé. Mais nous ne pourrons en aucun cas donner à chaque localité ce qu’elle réclame et dont elle a vraiment besoin au fond ».
Il faut dire que les présidents des diverses commissions du sénat de la république ont défilé les uns après les autres pour faire leur propre exposé de plus d’une heure parfois pour parler de la localité qui les a élu et qu’ils veulent défendre du bec et des ongles.
Pendant ce temps, les membres du cabinet dont certains semblaient de plus en plus fatigués avaient du mal à rester sur leur chaise. Si certains semblaient impassibles, subissant ce martyr sans un mot, d’autres luttaient visiblement contre la fatigue.
Les sénateurs n’en avaient cure, et défilaient les uns après les autres: Jean Hector Anacacis, Youri Latortue, Evalière Bauplan , Rudy Hérivaux.

Et les questions pleuvaient : Est-ce qu’on va voir un aéroport à Port-de-Paix ? Est-ce qu’on va pouvoir compter sur votre gouvernement pour les réparations du port de Port-de-Paix ? Va t-on ouvrir le port du Môle St Nicolas ? Et le pont sur les Trois Rivières va-t-il vraiment être construit ? autant de questions posées par le sénateur Evalière Bauplan.

Le Sénateur Rudy Hérivaux, a évoqué cet exode massif vers la République dominicaine, alors que les compatriotes y sont tellement mal traités ?
Comment font pour survivre ces milliers de gens révoqués de la Téléco, de l’APN, de l’ONA, de la SNCRS… l’a t-on entendu égrener avant d’arriver à la question de la détention préventive prolongée et de citer les noms de Sandro Joseph depuis plusieurs mois en prison et de Ronald Dauphin jeté dans une sorte d’oubliette depuis cinq ans.
Pour Rudi Hérivaux, le Centre de Facilitation des investissements devrait en réalité être appelé le centre de découragement des investissements a t-il clamé en s’adressant personnellement au Ministre Josseline Colimon Féthières à qui il a dit : « Décidément, vous avez du pain sur la planche « .
La question de la réforma agraire a été évoquée par le sénateur Willy Jean-Baptiste . Pour lui, l’Artibonite est en train de devenir un terrain de plus en plus dangereux avec ces terres en conflit qui avaient été distribuées aux paysans et des grands dons qui aujourd’hui veulent entrer en leur possession.

Le Premier Ministre très calme, prenait note .
Montant à la tribune, Jean Max Bellerive a une fois encore évoqué le manque de budget pour pouvoir réaliser tout ce qu’on lui demandait. Domaine de l’éducation, nous ne pouvons en aucun cas passer notre temps à gérer des budgets d’arriérés de salaire. Cela ne pourrait se faire qu’à l’encontre de notre budget d’investissement, ce qui donc manque de logique Je dois m’asseoir avec mon équipe avant de pouvoir décider de ce qui est possible et de ce qui ne le sera pas, a t-il semblé répondre au sénateur Beauplan. Tandis qu’au sénateur Hérivaux, il a dit : « Vous avez évoqué des questions qui me sont chères. Celle des Haïtiens allant en République dominicaine. Ils vont dans les bateys, parce que la situation chez eux , dans leur pays est encore pire. Pour ce qui a trait à l’environnement, je pense qu’il y a beaucoup de travail à avoir déjà été fait. Il y a des questions auxquelles je ne puis répondre . Celle des constructions de logements sociaux en hauteur par exemple.
Nous sommes à une phase où des investisseurs s’intéressent à notre pays. .Cependant ces investisseurs qui arrivent et qui voient beaucoup d’opportunités devant eux attendent aussi de nous une proposition concrète. »

Finalement, il était plus de 10 heures quand le président du Sénat, le Dr Kelly Bastien a demandé une vérification du quorum pour pouvoir passer au vote.

27 Sénateurs étaient présents. C’est à dire qu’il fallait un minimum de 16 pour que soit approuvé la Déclaration de politique générale.
Les Sénateurs passent au vote :
22 votent Pour ;
4 font Abstention.

La Déclaration de Politique générale du Premier Ministre Jean Max Bellerive passe donc l’étape du Sénat à une écrasante majorité.

Prochaine étape prévue pour le Mardi 11 Novembre celle de la Chambre des députés.