REVUE DE LA SEMAINE
VENDREDI 22 November 2019

L’ambassadeur Kelly Craft appelle à « une solution inclusive au bénéfice du peuple haïtien …»
Les États-Unis, après les appels pour la mise en place d’un gouvernement, ont dépêché un top diplomate en Haïti. Elle a écouté les positions de l'exécutif et de l'opposition et a plaidé pour une solution inclusive au bénéfice du peuple haïtien.
L’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, Kelly Craft, a bouclé sa mission de quelques heures en Haïti, mercredi 20 novembre 2019. Au terme de son périple, dont l’un des objectifs était « d’encourager les leaders haïtiens à adopter des mesures urgentes pour former un gouvernement au service du peuple haïtien », les services de l’ambassadeur Craft ont publié un communiqué qui exprime, entre autres, l’obligation des leaders haïtiens à trouver un consensus, les attentes de la diplomate pour que les défis soient surmontés et la nécessité que les responsables de tueries à La Saline et au Bel-Air soient poursuivis par la justice haïtienne. « Le président Jovenel Moïse et les autres leaders élus ont l’obligation de se mettre ensemble, de mettre de côté leurs différences et de chercher une solution inclusive au bénéfice du peuple haïtien. Les États-Unis se tiennent prêts à supporter. Je quitte Haïti avec l’attente qu’ils surmonteront les défis », a indiqué ce communiqué, mercredi 20 novembre 2019.
Le président Jovenel Moïse, selon ce communiqué, a évoqué son engagement de promouvoir un meilleur futur pour tous les Haïtiens.

La semaine a été marquee par la visite en Hati d’une délégation conduit par l’ambassadeur des Etats-Unis devant les Nations Unies.
Il s’agit de l’ambassadeur Kelly Craft qui a bouclé son séjour en Haïti après trois rencontres. La première avec le president Jovenel Moïse accompagné du chancelier Edmond boschit, la deuxième avec l’oposition et la troisième avec les membresdu BINUH arrive e Haïti le 15 octobrel L’ambassaeur Kelly Craf a bouclé sa visite avec iun communiqué dans lequel on lit:
« Durant ma rencontre avec Jovenel Moïse, le président démocratiquement élu d’Haïti, il a clarifié son engagement à adresser les besoins urgents, promouvoir la prospérité économique et à bâtir un futur meilleur pour tous les Haïtiens », a indiqué le communiqué.
« Mon engagement avec les responsables politiques et économiques, a poursuivi le communiqué, renforce le besoin urgent de supporter les institutions de l’État. Un gouvernement pleinement fonctionnel pour lutter contre la corruption, investiguer et poursuivre les responsables de violations de droits humains, incluant ceux responsables pour les tueries de La Saline, de Bel-Air et combattre le trafic de drogue et d’être humain », a indiqué ce communiqué.
Quelques heures auparavant, le président Jovenel Moïse a évoqué sa rencontre avec l’ambassadeur Craft. « Je me suis entretenu avec l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU, Mme Kelly Craft, autour des voies et moyens à mettre en œuvre, dans le cadre d’un dialogue inclusif, en vue de parvenir à une résolution consensuelle de la crise politique que connaît le pays », a tweeté le président Jovenel Moïse.

Le sénateur Youri Latortue, membre de l’Alternative, a indiqué, qu’à l’ambassadeur Craft, venue « écouter » et non « décider », l’opposition reste sur la position exprimée dans l’accord de Marriott. « Nous avons défendu la position de l’accord de Marriott. Nous avons dit qu’il faut de toute façon une transition. Le président ne pourra pas faire les élections. Il faut que nous allions vers la transition », a confié le sénateur Latortue au journal Le Nouvellisgte .
« Nous lui avons dit que tout le pays est bloqué. En ce qui a trait à ce blocage, nous pouvons arriver à une situation de chaos. Il faut trouver une solution. Nous avons déjà conclu l’accord de Marriott. Nous essayons de rallier d’autres partis pour avoir une position unitaire », a poursuivi le sénateur Youri Latortue, qui indique avoir attiré l’attention de l’ambassadeur Craft sur la perception d’un soutien des Etats-Unis au président Jovenel Moïse, pas au peuple haïtien.
Joël Édouard Vorbe, membre du directoire de Fanmi Lavalas, a indiqué avoir souligné à l’attention de l’ambassadeur Kelly Craft « que le départ sans condition de Jovenel Moïse est la solution acceptable pour la majorité de la population ».
Le président du Parti haïtien Tèt Kale, (PHTK) Sainphor Liné Balthazar, présent à la rencontre, a indiqué avoir défendu la position de son parti. Le PHTK ne souscrit pas à l’accord de Marriott qui demande le départ du président Moïse. Il faut que ce soit un élu qui remplace un élu, a expliqué Saimphor Liné Balthazar. « Nous pensons que tout accord inclusif doit déboucher sur la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale qui inclut toutes les forces politiques et sociales pour engager les réformes politiques et économiques jusqu’à la tenue d’élections générales qui peuvent être anticipées ou non anticipées », a expliqué Sainphor Liné Balthazar. « La formation d’un gouvernement d’union nationale n’a pas été discutée », a révélé Sainphor Liné Balthazar. Ce qui a été confirmé par le sénateur Latortue et M. Vorbe. Le journal a appris que les sénateurs Joseph Lambert, Évallière Beauplan, l’ex-sénatrice Edmonde Supplice Beauzile et le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti, Bernard Craan, ont participé à cette réunion avec l’ambassadeur Kelly Craft.

Haiti- Insécurité : Des agents du palais national ont tiré à hauteur d’homme sur des étudiants
Le Conseil de Direction de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) dénonce et condamne les actes des agents de l’Unité de Sécurité Générale du Palais National (USGPN) qui ont criblé de balles, le mardi 19 novembre, le portail principal de l’école en tirant à hauteur d’homme en direction des étudiants, d’après un communiqué publié ce mercredi 20 novembre 2019.
Port-au-Prince, le 20 novembre 2019. Des agents de l’Unité de Sécurité Générale du palais national (USGPN) ont criblé de balles, le mardi 19 novembre 2019, la barrière principale de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) en tirant à hauteur d’homme en direction des étudiants. C’est du moins ce qu’on peut lire dans une note de protestation émanant du Conseil de Direction de l’école Normale Supérieure (ENS) en date du 20 novembre 2019, dont copie est parvenue à la rédaction de Vant Bèf Info (VBI).

 

 

PENDANT CE TEMPS, IL Y AVAIT DES CENTAINES DE MANIFESTANTS DEVANT L’AMBASSADE AMERICAINE

Ces derniers qui exigeaient le départ du président Jovenel Moïse dénoncent l’ingérence américaine dans les affaires intérieures d’Haïti.

CETTE SEMAINE EGALEMENT, IL Y A EU L’IMPRTANTE DECLARATION DE L’UNICEL ET DE L’UNESCO
DECLARATION CONJOINTE: L’UNICEF et l’UNESCO appellent à l’ouverture des écoles, au respect du droit à l’éducation et à la continuité de l’éducation des enfants et des jeunes haïtiens

A l’occasion du 20 novembre, Journée mondiale de l’enfance qui marque également le 30e anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), l’UNICEF et l’UNESCO exhortent les institutions étatiques ainsi que tous les acteurs politiques, sociaux et économiques à travailler ensemble pour permettre la reprise immédiate des activités normales de toutes les écoles publiques et privées en Haïti, pour la continuité de l’éducation de tous les enfants.

Depuis le début du mois de septembre, les troubles politiques, les blocages de route et la montée de la violence en Haïti, ont réduit considérablement l’accès aux services sociaux de base, notamment les écoles et les universités. Selon le Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP), 70% des écoles du pays sont fermées, ce qui signifie que plus de trois millions d’enfants n'ont pas pu commencer ou poursuivre leur éducation. 50 jours de cours sur un total de 189 jours prévus ont déjà été perdus, créant ainsi un déficit énorme d’apprentissage pour les élèves et les étudiants. Un plan de rattrapage doit être proposé aux écoles pour récupérer 250 heures de cours perdues, sur les 945 que compte l’année scolaire.

 

VIVRE A L’HAITIENNE, c’est le titre d’un aticle que publie le journal canadien LE DEVOIR , don’t l’auteur Paulso Pierre Pilippe écrit:

L’histoire d’Haïti, cette nation pionnière de la lutte contre l’esclavage, est pleine de rebondissements, mais surtout de controverses. « Vivre à l’haïtienne » pourrait être le titre d’un roman, mais ce sont plutôt les réflexions d’un citoyen meurtri et bouleversé qui regarde avec impuissance la déchéance programmée
de cette nation qui, pourtant, avait tout pour être parmi les plus prospères.
Depuis plusieurs mois, Haïti fait les manchettes. Encore une fois, le pays est en proie à une crise multidimensionnelle qui aura atteint les limites de l’extraordinaire et de l’imaginaire. Sans exagération, ce qui se passe en Haïti présentement aurait tout pour être qualifié de catastrophe sur le plan humanitaire, de désastre socioéconomique, de fiasco politique sans précédent. Mais en réalité, non… Haïti obtient peu d’attention en ce sens. Alors, justement, pourquoi est-ce qu’on en parle encore quand même et toujours ?
On ne peut saisir la complexité de la crise haïtienne sans comprendre le contexte historique de ce pays dont la population est composée majoritairement de descendants d’esclaves noirs d’Afrique. Sans faire dans le politiquement correct, disons tout de suite qu’Haïti n’a jamais cessé de payer les conséquences de sa bravoure historique contre la vieille France colonialiste.

Haïti, qui a lutté de longues années pour s’émanciper de la tutelle coloniale et s’affranchir de l’esclavage, va être forcée pendant des décennies à payer arbitrairement cet exploit. Le pays devra payer à ses anciens colons un « tribut de l’esclavage » pour pouvoir effectivement jouir de sa liberté et de son indépendance.
Afin de faire respecter cette ordonnance, Charles X fit envoyer dans la rade de l’île une flotte de 14 bateaux de guerre pour établir ce qui devait être l’un des plus spectaculaires blocus commerciaux, ne visant rien d’autre qu’à asphyxier l’économie de la jeune nation haïtienne. Au final, il aura fallu 125 ans pour qu’Haïti puisse enfin s’acquitter de cette dette. Mais les conséquences économiques de cette extorsion demeureront irréparables.
Il est donc indéniable que la situation actuelle du pays, ne serait-ce que sur le plan économique, est aussi tributaire de ses origines coloniales et des conditions dans lesquelles cette nation a pris naissance. C’est un peu cela, vivre à l’haïtienne.

Historiens, analystes et journalistes s’accordent pour dire que le pays vit actuellement la pire crise de son histoire. À la faveur d’une augmentation des prix de l’essence et de la dénonciation sans appel d’une corruption endémique, Haïti vit depuis plus d’un an une période intense de revendications populaires violentes.
Cela se résume, entre autres, à une catastrophe économique, à une inflation dépassant la barre des 20 % et à une crise humanitaire de plus en plus alarmante, avec la rareté croissante des denrées alimentaires de base. L’hécatombe politique que connaît le pays depuis l’avènement du président Jovenel Moïse aura atteint son paroxysme avec le fait que, depuis environ trois mois, toutes les composantes de la société dans son intégralité réclament le départ du président.
L’opposition politique, la société civile, le secteur associatif et syndical, le patronat et même le secteur religieux, tous ont exprimé leur frustration et exigent la démission du président. Ce dernier, fort d’un certain « soutien » de la communauté internationale, s’accroche malgré tout au pouvoir et tient mordicus à terminer son mandat, en dépit des manifestations de plus en plus violentes réclamant son départ. S’accrocher au pouvoir contre vents et marées, serait-ce aussi une forme d’existence à l’haïtienne ?
En attendant que les acteurs se décident à prendre les décisions responsables qui pourraient juguler la crise et redonner espoir à ce peuple souffrant, les drames humains se perpétuent chaque jour. Les gens meurent, les commerces sont pillés, les denrées se font rares et la pénurie guette à tous les points de vue. Pourtant, la mobilisation se poursuit, car elle est l’expression d’un ras-le-bol quasi généralisé face à la précarité et à l’injustice sociale chronique qui sévissent dans ce pays.
Cette mobilisation, malgré le chaos qu’elle engendre, est porteuse d’espoir. Pour la première fois, on sent que la population est de plus en plus consciente de sa condition et réclame non seulement le départ d’un gouvernement, mais aussi un changement réel dans ce système inégalitaire et corrompu qui les maintient dans cette précarité extrême.
Le peuple haïtien fait preuve non seulement d’une résilience extrême, mais surtout d’une grande capacité d’autodétermination et s’inscrit, encore une fois, dans une dynamique historique de chambardement du statu quo. C’est surtout cela, vivre à l’haïtienn

 

Article paru dansLe Devoir, en date du 21 Novembe 2019, sous la plume de :
Paulson Pierre Philippe
Analyste politique, consultant, blogueur