Port-au-Prince, le 2 février 2012 – (AHP) – Une rencontre organisée mercredi soir entre un groupe de parlementaires (députés et sénateurs) et le premier ministre Garry Conille en la résidence de ce dernier, s'est terminée en queue de poisson, en raison de l'irruption jugée intempestive du président Michel Martelly.

C'est un député qui participait à la rencontre, qui aurait appelé le chef de l'Etat pour lui dire qu'un complot se tramait contre lui.

Selon plusieurs parlementaires, les discussions portaient sur des sujets d'intérêt public, mais, ont-ils dénoncé, le président Martelly a pénétré dans la salle de réunion, proférant des menaces et débitant des propos obscènes.

Il s'est particulièrement attaqué au sénateur Steven Benoit pourtant absent, qu'il a accusé de travailler à son renversement.


En conférence de presse ce jeudi, le sénateur de l'Ouest a fait savoir que le président Martelly serait tenu responsable de tout ce qui pourrait lui arriver.

S'il a annoncé sa démission de la commission enquêtant sur les nationalités étrangères présumées du chef de l'Etat, M. Benoit a prévenu qu'il ne céderait pas à ses menaces et continuerait de dénoncer toutes ses dérives.


Quant à Moïse Jean-Charles, sénateur du Nord qui a fait les révélations sur la nationalité du président, il a maintenu toutes ses déclarations, tout en estimant que le chef de l'Etat avait perdu la tête. Il l'a une nouvelle fois appelé à déposer devant la commission ses documents de voyage.

"S'il ne le fait pas dans les jours qui viennent, nous ne l'appellerons plus président de la République, car il est anormal que le pays soit dirigé par un américano-italien", a lancé Moïse Jean-Charles qui a demandé au premier ministre Garry Conille de publier un communiqué pour présenter ses excuses aux parlementaires et dénoncer l'intervention du chef de l'Etat.


Selon des propos du président Martelly rapportés par des parlementaires, il n'aurait aucune intention de collaborer avec la commission d'enquête sénatoriale sur la nationalité.

"Et si les sénateurs veulent à tout prix avoir ces documents, il faudrait qu'ils fourrent leurs mains bien loin pour s'en accaparer", aurait-il encore dit.


Le premier ministre Garry Conille qui se trouvait jeudi matin aux Cayes (sud) dans le cadre de l'organisation du carnaval national dans cette ville, a été rappelé d'urgence à Port-au-Prince, selon des sources proches du gouvernement.
On ne connait pas les raisons exactes de cette décision. Toutefois, des secteurs la rapprochent de l'altercation enregistrée la veille en la résidence
du premier ministre.

Garry Conille a repris l'avion à la mi-journée à l'Aéroport Antoine Simon de Laborde sans même avoir pu participer au buffet qui a été organisé en son honneur à la fin de la visite du site qui est censé accueillir le défilé carnavalesque dans la métropole du Sud. AHP 1:48 PM