Les maîtres chanteurs au pouvoir

MEYER, 24 Février – Le pouvoir aujourd’hui en Haïti appartiendrait à deux catégories : le politicien qui arrive, en jouant sérieusement des coudes, à s’introduire dans la place et … un nouvel acteur.

Ce dernier se caractérise par une fausse posture d’indépendant c’est-à-dire se présentant comme en dehors de ceux qui exercent le pouvoir, mais ces derniers qui ont en mains non seulement toute la manne mais qui la gardent aussi pour eux seuls.
En l’absence d’une opposition structurée et capable de défier ces derniers, quelques-uns ont trouvé une alternative.
Un subterfuge capable de faire trembler le détenteur du pouvoir, et partant aussi de la caisse publique, mais pas pour le faire tomber de son piédestal que pour le faire ‘casquer’, montrer patte blanche, ouvrir son trésor.
En somme c’est une action totalement individualiste. Mais quoi de plus individualiste aussi que nos chefs aujourd’hui.
Et cette nouvelle classe d’’emmerdeurs professionnels’, pour l’appeler par son nom, occupe autant le haut du pavé, au gré d’un nouveau type de manifestations dans les rues de la capitale où un chat ne reconnaitrait pas ses petits, qu’ils essaient de dominer aussi les grands titres de l’actualité puisque de nouveaux moyens médiatiques permettent de manipuler l’information comme on veut (ce qu’on appelle les ‘fake news / fake stories’), d’autant plus que les pouvoirs en place font aussi pareil, tout cela dans une moquerie totale de la liberté d’expression.
D’ailleurs c’est au nom même de cette dernière que ces nouveaux ‘chevaliers sans peur et sans reproche’, mais aussi ‘fake’ que les rumeurs qu’ils répandent avec tant d’habileté, se lancent aujourd’hui à l’assaut de la citadelle du pouvoir.
Or le pouvoir tremble et il leur cède à tous les coups.
Tandis que l’opposition véritable, et l’information sérieuse ne lui font ni chaud ni froid.
C’est la nouvelle métamorphose que traverse la politique haïtienne aujourd’hui, qui n’en est pas à une mauvaise surprise près.


Mais comme on comprend c’est de la fumée sans feu, un jeu de coquins, du pur bluff, parce que tout cela se passe dans une entente parfaite et déjà établie entre l’agresseur et l’agressé.
Je vous attaque. Les gens aiment ça. C’est comme au cirque. Mais rassurez-vous je n’ai aucune intention de vous faire du mal. Passez seulement à la caisse. Et on n’en parlera plus. Jusqu’à la prochaine occasion !
Voici la seule façon d’ébranler les maîtres du pouvoir de nos jours.
Puisqu’ils ont en main la totalité du pouvoir et l’usage exclusif de la fortune nationale.
L’opposition traditionnelle, tant qu’elle n’aura pas rebattu totalement les cartes, se condamne à rester hors jeu.
Et à mourir d’inanition.
C’est le même sort qui est réservé à la vraie presse indépendante. Ou ayant encore quelques convictions.
La seule opposition effective au pouvoir, c’est le pouvoir de chantage. Les maitres chanteurs.
Tandis que c’est la même liberté d’expression pour laquelle certains ont donné leur vie, qui constitue la cuirasse dans laquelle se réfugient aussi ces coquins.
En un mot, ce sont nos rêves démocratiques tournés à l’envers, ridiculisés.
Qui pis est, cela marche si bien que voici cette nouvelle nomenclature qui se généralise pour finir par englober tout le terrain de la politique et … de l’information.
Aux quatre points cardinaux résonne le même discours trompeur.
Evictant l’opposition véritable, à la grande joie des pouvoirs en place, ainsi que la bonne information, selon le principe : la mauvaise graine finit toujours par chasser la bonne.
Quant au public, cela le fait rire. Pauvre pays !

Haïti en Marche, 24 Février 2018