Halte aux déportations vers Haïti !
MIAMI, 24 Avril – Tous se sont précipités le mardi 23 avril au local à Miami de FANM (Family Action Network Movement). Comme dans les années 1980-1990. Pas une place pour se garer, beaucoup venant de loin, tant du nord que du sud de la Floride. La conférence débutera à l’heure précise. L’atmosphère est fébrile. Aussi bien dans la salle que chez les conférenciers, près d’une vingtaine d’intervenants. Officiels haïtiens-américains ainsi que d’autres communautés, tous partageant une même impatience, une même colère : comment l’actuelle administration américaine qui est tout aussi plongée que nous dans l’actuelle crise politique et sécuritaire et économique bref multiple qui fait rage en Haïti, en effet n’a-t-on pas évacué tout le personnel diplomatique des Etats-Unis ainsi que des autres pays - bref comment le président Joe Biden peut-il prendre la décision de renvoyer les quelques-uns qui ont trouvé le moyen de parvenir jusqu’aux frontières américaines, comment qualifier une telle décision ?
Tour à tour on partage la colère ainsi que les recommandations formulées par une vingtaine d’intervenants, en tête la fondatrice de FANM et aujourd’hui Commissionnaire de North Miami, Marleine Bastien, ainsi que d’autres élus haïtiens-américains dont le Maire de North Lauderdale, Samson Borgelin ; le Commissionnaire de North Miami Beach Michael Joseph etc.
On entend aussi plusieurs non-membres de la communauté haïtienne mais sympathisants hier comme aujourd’hui de notre cause, en tête évidemment les avocats qui ont gagné il y a environ 40 ans la bataille pour ériger une communauté qui recevra le nom de Little-Haiti, Florida.
Pour le premier d’entre eux, Me. Ira J. Kurban, si l’on veut vraiment aider l’immigrant haïtien obligé de se réfugier aux Etats-Unis actuellement même malgré lui, il ne voit qu’une solution c’est reprendre le programme Cuban Haitian qui permettait de devenir un résident légal après avoir accompli positivement une certaine période d’adaptation au pays.
La conférence de presse du mardi 23 avril au local de FANM à Miami a eu une portée appréciable pour avoir su mobiliser tout ce que la communauté haïtienne-américaine compte d’éléments actifs ou comme dit le créole ‘vanyan’, dans tout l’Etat de Floride ainsi que probablement aussi ailleurs.
Y compris les officiels. Et en tête ceux-là mêmes de la communauté. Aujourd’hui nombreux. Commissionnaires, membres du Congrès fédéral, grands juges, chefs de police, tant en Floride que dans d’autres Etats comme New York, le Massachusetts etc …
Et tous ayant directement ou indirectement un lien avec la grande lutte des années 1980-1990 qui de Miami à New York a charié l’énergie pour combattre aussi à la même époque la stigmatisation par le virus du Sida surnommé lors maladie 4H … H comme Haïtiens !
Jusqu’à la chute en Haïti de la dictature Duvalier survenant à la même époque.
Or tout cela semble avoir aujourd’hui, 30 ou 40 ans plus tard, totalement disparu. Noyé dans un no man’s land, un anonymat total côté communautaire. Qu’est devenu la communauté haïtienne aux Etats-Unis ? Tant à Miami qu’à New York, Boston, et ailleurs.
Or ironiquement c’est au moment où les membres individuellement de la même communauté occupent les fonctions les plus élevées.
Au Congrès de Washington ou à l’université, au niveau aussi bien fédéral que local, jusqu’à la Maison blanche en la porte-parole Karine Jean-Pierre ?
Ne devrait-il donc pas y avoir si l’on peut dire encore plus de monde à accourir ce mardi à la rencontre de FANM à Miami ?
Ou sommes-nous déjà arrivés à un niveau d’assimilation jusqu’à n’être plus intéressés au qualificatif même d’Haïtien-américain ?
Voire totalement insensibles aux réalités atroces que subit aujourd’hui notre peuple.
Et enfin pour dire à l’administration Biden ses quatre vérités !
Marcus Garcia, Haïti en Marche, 24 Avril 2024