Retour à la Dictature sans masques !

MIAMI, 16 Mai – Jamais un gouvernement haïtien n’avait détenu autant de pouvoir depuis Jean Claude ‘Baby Doc’ Duvalier renversé le 7 février 1986.
Jovenel Moïse a aujourd’hui tous les pouvoirs que confère la dictature. Pas de contre-pouvoir législatif, celui-ci étant arrivé à terme depuis janvier dernier. L’élection d’une nouvelle législature n’est pas dans les plans actuels. Ni officiellement ni autre. Et un judiciaire qui n’a jamais exercé de réelle indépendance de toute l’histoire nationale.
L’actuel locataire du palais national fait et défait en principe sans aucun contrôle sinon au gré des intérêts de son propre clan. Qu’il s’agisse de la caisse publique ou de la répartition des postes dans la fonction publique.
C’est la valse des premiers ministres. Obligatoirement ‘de facto’ puisqu’aucun effort n’est fait pour rétablir la légitimité constitutionnelle.
Pour être légitime, un premier ministre doit recevoir la bénédiction des deux chambres du parlement.
A la place aujourd’hui, qui décide de cette sanction ? Eh bien, les propres partis, pardon ‘particulets’ membres de la coalition au pouvoir.
Même Papa Doc qui se souciait un peu plus du décorum, même au plus fort de son système de ‘chambre unique’ avec les votes fixés à l’avance : ‘pour assis, contre debout !’ Et nul ne bouge ! Avec un ‘tonton macoute’ derrière chaque fauteuil.

Le Président et le PM ne dirigent rien, aurait dit ce dernier. Ni dans le réel, ni sur le papier …

Mais comme une machine enrayée, voici la ronde qui se poursuit, recommence avec le renvoi, après trois mois à peine en fonction de l’actuel premier ministre Joseph Jouthe, comme pour ses deux prédécesseurs Jean Henry Céant puis Jean Michel Lapin, déjà réclamé par deux membres de la confrérie, les ‘so-called’ ou soi-disant partis politiques : Bouclier et Parasol …


Pour quels motifs ? Allez savoir. ‘Avoir insulté la nation’, lit-on. Mr. Jouthe a déclaré dans des conversations, enregistrées dit-on à son insu, que lui et le chef de l’Etat ne dirigent rien. Ni dans la réalité, ni sur le papier ! A qui le dites-vous ?
Mais comme des roquets qui s’accrochent à un vieux chiffon de tous leurs crocs acérés, ils finiront par mettre en pièces Jouthe lui aussi.
C’est connu, simple comme bonjour, que la dictature a besoin constamment de boucs émissaires pour justifier sa pérennité. Et son pouvoir total. Et surtout sa nullité. Voire dans une situation aussi catastrophique à tous les points de vue, sans une seule exception : économique, sécuritaire, sanitaire, alimentaire, humanitaire et co.

Des ‘émeutes de la faim’ au ‘pays lock-ed’, trois petits tours et puis s’en vont …

Mais dictature surtout et en premier lieu parce qu’il n’y a rien en face sur le plan politique. Après avoir fait trembler le pouvoir en place pendant au moins toute une année - des émeutes de la faim en juillet 2018 au ‘pays lock-ed’ pendant une bonne partie de 2019, voici l’opposition qui soudain disparait totalement de la scène.
Et on n’a pas l’impression que c’est tellement une nouvelle stratégie - laisser le régime victime de son propre vide, tomber de son propre poids que le phénomène (si courant mais trop souvent insoupçonné en politique) de ‘fatigue’. Il y a une limite aux efforts qu’on peut demander à un pays aussi pauvre et malheureux.
Soudain l’opposition en elle-même, en actions comme en nature, n’existe pas. N’existe plus. Non pas par échec et mat. Mais comme disparu mystérieusement soudain dans l’air. Coronavirus faisant le reste.

Le grand voisin …

Mais ce n’est pas fini. Car voici le vide qui reparait aussitôt sous une autre forme. En effet c’est le premier et non le dernier aspect de la dictature sous nos latitudes qu’elle ne produit rien, qu’elle ne peut rien produire de bien ni de bon, en elle-même ni par elle-même (ni en nature ni en espoir) et ne peut survivre sans son réel support et qui ne peut lui venir que de l’extérieur puisque elle-même à l’intérieur signifie simplement faire table rase. Et c’est ce qu’on appelle sous nos cieux : le Grand voisin.
Voici nos actuels gouvernants qui supplient qu’on vienne à leur secours.
L’inévitable aide étrangère. Même sous forme de charité publique, quand on ne vous fait pas suffisamment confiance pour vous confier ce qui serait vraiment nécessaire. Bien entendu on ne va pas bien loin non plus avec des peanuts. Juste de quoi renflouer ses propres comptes (personnels) en dollars, ce qui n’arrange rien évidemment pour une pauvre monnaie locale en totale déconfiture. Bientôt 110 gourdes pour 1 dollar.
Pourquoi aussi les ‘chefs du gouvernement’ passent comme lettre à la poste. Que voulez-vous ?
Mais voici le coup fatal. L’appel à l’intervention étrangère. Papa Doc définitivement doit se retourner de rage dans sa tombe ! Incapable de maitriser les conséquences de ses inconséquences, voire ses propres créatures dont les plus négligées commencent à bouger, et de la seule façon qu’on leur a appris à faire : par la violence, c’est le premier shérif du régime, le ministre dit de la justice et de la sécurité publique, en un mot le premier tonton macoute du pouvoir en place qui menace ces dernières (en la personne de ‘Fantom 509’ - plus fantomatiques en effet que ça, tu meurs ! personne ne pouvant arriver à les faire mettre … bas les masques) de les dénoncer par devant qui de droit, c’est-à-dire la puissance qui tolère tout ça, de A jusqu’à Z, l’Amérique du président Donald Trump qui, bénéficiant du vote diplomatique d’Haïti dans ses efforts pour déloger le président dit socialiste du Venezuela, Nicolas Maduro, laisse ouvertement carte blanche à l’actuel président d’Haïti Jovenel Moïse et sa bande, ramenant Haïti dans une courbe à 180 degrés sous le même règne qui nous avait déjà valu tant de mal pendant 30 ans (1957-1986) alors que la Guerre froide est terminée depuis les années 1990.
Le ministre Lucmane Delile, ne pouvant amener les ‘Fantomas’ à se rendre, ne trouve rien de plus intelligent du moins à dire, c’est qu’il va les dénoncer comme terroristes devant les ambassades étrangères, quelle honte !
Un appel aussi ouvert (ouvertement !) à l’intervention dans les affaires d’un Etat indépendant !
Et on en profiterait pour résoudre aussi le problème des gangs qui font la loi dans les quartiers populaires … après avoir mis soigneusement de côté ceux qui exécutent les sales besognes du pouvoir en place.
Pourquoi est-ce toujours à nous que ça arrive ?
C’est la question qu’on se poserait si jamais nous avions des gens pour penser à cela !

Marcus – Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince