Relations entre les peuples, plus intenses que jamais, mais qui ne restent pas comme autrefois au niveau disons de pure forme ou de la narration (histoire et origines, ethnicité, culture etc) mais au contraire pour s’orienter de plus en plus dans le domaine économique et constructif bref dans le réel ...
MIAMI, 15 Janvier – Haïti a entrepris d’élargir le champ de ses relations diplomatiques. Ce n’est pas trop tôt. Le président colombien Gustavo Petro sera dans nos murs le 22 janvier 2025 ; la semaine précédente notre ministre des affaires étrangères Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste était au Bénin assistant à un sommet ‘Afrique-Caraïbe’ autour, selon un porte-parole officiel, de trois thématiques essentielles : « les questions culturelles ; les questions économiques et les questions de sécurité et de paix » …
D’autres démarches du même genre sont en perspective, selon l’actuel numéro 1 du Conseil présidentiel de transition Leslie Voltaire annonçant un renforcement des relations avec d’autres pays d’Amérique latine dont le Chili et le Brésil.
Rappelons que le Salvador et le Guatemala ont dépêché des troupes qui combattent actuellement à nos côtés contre les gangs en Haïti dans le cadre de la Mission multinationale de soutien à la sécurité dirigée par le Kenya …
Il était plus que temps.
Aujourd’hui le problème le plus urgent c’est le rétablissement de la sécurité publique et mettre fin au cauchemar des gangs armés qui selon l’Onu, ont fait 5.600 morts innocentes pendant la seule année écoulée …
De plus mettant l’économie du pays à genoux.
Cependant cela intervenant à un moment de grand brassage international et où les relations entre les peuples, plus intenses que jamais auparavant, de plus ne restent pas uniquement et comme autrefois au niveau disons du discours et de la narration (histoire et origines communes, ethnicité, culture etc) mais pour s’orienter de plus en plus dans le domaine économique et commercial bref de rapports également plus pratiques.
Autrement dit aussi, ces derniers (l’économie et les affaires) ne sont plus le monopole des grandes concentrations économico-industrielles (Etats-Unis, Communauté Européenne, Japon …) mais voient apparaitre de nouveaux ensembles. On parle des BRICS (Brésil, Russie, Iran, Chine, Afrique du Sud) mais continuant à élargir constamment leurs frontières … avec l’Egypte, l’Ethiopie, l’Iran, les Emirats Arabes unis et plus récemment avec ce qu’on appelle des membres non-votants et où Cuba vient de faire son apparition.
Mais où est Haïti ?
Zéro. Nada.
C’est vraiment le cas de dire : Haïti n’existe pas !
Qui plus est, et comble d’ironie, le principal partenaire commercial d’Haïti sinon actuellement le seul, c’est le même pays qui lui ferme totalement et brutalement la porte au nez juste au moment où nous sommes ainsi en train de faire le porte-à-porte international pour nous aider dans le combat contre les gangs et naturellement aussi la menace de disparition qui nous pend au nez …
Bien entendu il s’agit là de notre voisine territoriale la République dominicaine.
Actuellement et voici près d’une année que les frontières terrestres, aériennes et autres entre les deux pays sont totalement fermées, d’ordre du gouvernement de Santo-Domingo …
Au début c’était pour protester contre la construction d’un barrage sur une voie d’eau qui mouille les deux pays. Puis c’est devenu ouvertement un instrument destiné à influencer la situation politique ou mieux encore manipuler les variables au niveau de la crise frappant actuellement notre pays …
Or qui plus est, c’est avec encore ce pays que Haïti réalise près de 100 pour 100 de son commerce international ?
Avec dans les conditions actuelles bien entendu une balance déficitaire à plus de … cent pour cent !
Quelle gifle !
Personne ni rien ne passe la frontière totalement cadenassée (cas probablement unique !) … sauf pour les cargaisons de riz, d’œufs et de toutes sortes de bagatelles …
Mais ce n’est pas tout. Voici qu’un ex-président du pays voisin, M. Hipolito Mejia, aurait déclaré que « Haïti est notre meilleur allié commercial parce que même quand notre riz est de mauvaise qualité, que les Haïtiens l’achètent . »
Or il ne ment pas !
Mais ce que Mejia n’a pas dit c’est aussi le rôle primordial joué ici par la corruption.
C’est la corruption autant dans le secteur économico-commercial qu’au niveau surtout de nos politiques et de leurs décisions, c’est ce qui fait que ce n’est pas seulement le ventre du citoyen haïtien qui est sacrifié mais aussi son destin et son avenir …
Cela de plus non seulement à l’avantage économique de nos voisins mais aussi satisfaisant un certain complexe de supériorité …
Jusqu’au trafic d’armes pour les gangs massacreurs de chez nous qui s’alimente aussi via des réseaux dans le pays voisin (selon les rapports de l’ONU).
Quoi d’étonnant alors si des capitaux dominicains financent les résultats de la course électorale en Haïti !
Par conséquent comment desserrer cette étreinte si nous ratons les ouvertures faites actuellement par le gouvernement haïtien dans le reste du monde, à commencer dans notre propre hémisphère ?
Il s’agit :
1.De casser le monopole exercé sur notre ventre voire sur notre existence même par des gens qui de plus semblent nous mépriser totalement, en paroles comme en actes …
Et pour commencer en calculs politiques … Que diriez-vous d’une occupation militaire d’Haïti pour faire disparaitre une fois pour toutes ce dernier qualificatif de nation souveraine !
2.Il faut profiter de cette plus grande ouverture du marché (puisque nous vivons en économie de ‘marché libre’ n’est-ce pas !) pour lutter de façon plus directe contre tous ceux qui se sont emparés du nôtre comme leur bien propre, cette corruption notoire qui s’étend jusqu’aux importations des armements aux mains de nos gangs massacreurs.
Conclusion : réorienter et élargir les relations commerciales d’Haïti ou pour parler comme le bon peuple : reprendre en main notre ventre c’est l’une des rares possibilités dont nous disposons encore pour délivrer un peu plus durablement notre pays et notre peuple non seulement des gangs de toutes sortes mais aussi et d’abord de ceux-là qui à l’intérieur comme à l’extérieur, entretiennent cet enfer …
Une rare tentative pour commencer à sortir du cercle vicieux de cette pauvreté innommable qui est à la fois la conséquence tout comme aussi aujourd’hui la cause et tout le reste. Le zéro et l’infini …
Mais il faut les deux ou même les trois : 1) l’ouverture diplomatique mais pas de l’art pour l’art ; 2) allant de pair avec les relations commerciales mais (3) un commerce libéré de toute entrave … c’est cela qui semble définir surtout aujourd’hui un Etat souverain.
Espoir que nous n’avons pas encore perdu !
Marcus Garcia, Haïti en Marche, 15 Janvier 2025