MIAMI, 28 Septembre – Elections notre sport préféré ! En effet voici qui peut amener la cabale politique à marquer une pause : la mise en place du conseil électoral provisoire (CEP).
Le premier ministre Ariel Henry a annoncé lundi le renvoi de l’actuel CEP.
Existait-il réellement un conseil puisque celui-là avait été mis en place en dehors des prescrits constitutionnels comme nombre d’autres réalisations du défunt président Jovenel Moïse, de regrettée mémoire malgré tout.
Certaines des institutions appelées à participer à la formation du conseil électoral s’y étaient refusées on s’en souvient, y compris la Cour de cassation qui lui avait refusé sa bénédiction.
En tout cas l’idée n’est pas mauvaise en soi parce que c’est peut-être la seule décision prise depuis longtemps par le pouvoir en place, qui n’est pas contestée.
Parfait. Alors en avant !
La Primature a contacté les mêmes institutions pour désigner leur futur représentant dans un nouveau conseil, organisme de 9 membres. C’est un premier test qui témoignera du degré de sérieux des mêmes institutions. Entre l’engagement pour des élections honnêtes, et la tentation au contraire d’orienter ces dernières en faveur de son propre camp.
Cela promet une bataille furieuse, mais qui ici heureusement se déroulera en gros (‘je ront je’) dans les coulisses.
Test numéro 1) la rédaction de la loi électorale. Sa composition permettra tout de suite de juger de la compétence mais surtout de l’indépendance, vraie ou fausse, du nouveau conseil électoral. Car bien entendu les pressions seront fortes. Osera-t-on toucher dans cette loi au sacro-saint financement dont disposent les candidats (la fameuse caisse noire) ou bien seuls les déjà millionnaires, de plus aux dépens du trésor public, qui seront capables de l’emporter ? Encore une fois.


Bizarrement ce n’est pas à ce niveau que la lutte est la plus déchainée car tout le monde a les mêmes desseins : gagner à tout prix, et donc tous les moyens sont bons. C’est cynique, mais c’est comme ça.
Par exemple encore, les gangs armés, qu’en fait-on ? Va-ton tourner la page et cesser de voir que des élections sont impossibles tant que la sécurité ne sera pas rétablie ? Imaginez-vous les gangs conduisant sous leur protection des électeurs à destination le jour du vote, et en même temps menaçant ceux du candidat adverse ? Autre avantage pour les candidats déjà millionnaires.
Autre bataille attendue c’est autour de la nomination et la répartition des bureaux de vote et de leur personnel.
Placer ses pions à soi à autant d’endroits stratégiques que possible, c’est la règle.
On peut s’attendre que cela se déchaine, injures et dénonciations à gogo, particulièrement sur les réseaux sociaux où tous les coups sont permis.
Mais là aussi cela permet au pouvoir en place de respirer un peu, et s’il est sérieux de se consacrer à d’autres tâches sérieuses, surtout la reprise en main de l’administration et d’une économie ‘an debaba.’
C’est donc une idée géniale d’avoir pensé à relancer la machine électorale. Cela donne aux politiciens, pardonnez-moi, un os à ronger. Et ils n’y manquent jamais.
Mais ceci dit, nous n’avons pas encore abordé le point le plus important : qui paiera la note ?
Mais ceci dit, qui va financer les prochaines élections ?
Depuis longtemps nos élections bénéficient d’un soutien international ?
Washington, l’Union européenne …
En même temps que les mêmes qui l’acceptent ainsi se déchainent (bien sûr encore plus sur les réseaux sociaux) contre l’impérialisme, contre le Core Group. Etc.
Quand on était jeune il y avait un slogan quand on allait au bal : qui casse les verres, les paie !
On veut tout casser mais sans se soucier de qui passe ensuite à la caisse !
Il arrive que l’international paie non seulement pour les élections mais participe également à la campagne, et plutôt celle du candidat de son choix, finançant ses meetings, jusqu’aux manifestations de rues en sa faveur.
C’est plus que scandaleux … mais comme dit le créole : ‘Chwal fi n antre nan jaden w enpi wa p rele fèmen bayè.’
Tout comme voyez actuellement l’aide aux victimes du séisme qui a frappé trois départements Sud, Nippes et Grande Anse le 14 août dernier.
Chaque jour on entend Etats-Unis, Union européenne, Taiwan, Mexique, hôpitaux portatifs, aide alimentaire etc.
Mais où sont passés nos futurs président, sénateurs, députés qui arpentaient les lieux les premiers jours ?
Même le gouvernement qui a déjà d’autres chats à fouetter. Dont justement la préparation des futures élections.
Elections. La seule activité prise au sérieux dans notre pays.
Et encore !

Marcus Garcia, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince