MEYER, 25 Sept. – Silence, on tourne. Nos leaders sont peu bavards ces jours-ci. C'est une autre étape du processus. Et qui se déroule dans les antichambres plutôt que sur la place publique. Celle des grands rassemblements avant l'assaut final.
La grande confrontation c'est dans un mois exactement. Le dimanche 25 octobre auront lieu en même temps les présidentielles, le second tour des législatives et les municipales.
Cela fait du monde mais en même temps les têtes d'affiche commencent à se compter sur les doigts d'une seule main.
Parce que, même avec une Constitution quasi parlementariste, c'est l'élection du président de la république qui occupe le plateau principal, qui constitue le big show. Et donc qui déplace les foules. Et c'est automatiquement autour que commencent à prendre position les acteurs. A tous les niveaux.
C'est aussi l'heure bien entendu des grandes négociations.
Il est de notoriété que le parti au pouvoir, PHTK (Pati Ayisyen Tèt Kale), est en train de convaincre ses différentes composantes éparses, en tête la formation Bouclier, qui affiche son propre candidat à la présidence, Mr Steve Kawly, et a marqué des points au premier tour des législatives, de rejoindre le giron familial.
Si cela peut marcher au niveau des législatives, par le jeu des désistements des uns en faveur des autres, puisque cela assurerait éventuellement un plus grand nombre d'élus proches du pouvoir dans le prochain parlement, par contre il semble que Mr Kawly répugnerait à abandonner sa candidature à la présidence au profit du candidat du PHTK, Mr Jovenel Moïse.

Les déçus du Lavalas ...
Il est bruit que le palais national fait jouer également d'autres atouts. Y compris dans le grand vivier des déçus du Lavalas. En effet beaucoup d'anciens barons du parti de Jean-Bertrand Aristide ont traversé, avec armes et bagages, dans le camp du président Michel Martelly. Faut-il citer l'ex-passionaria Sò Anne (Annette Auguste), qui a fait de la prison après le second renversement du pouvoir Lavalas en 2004 et dont les billboards jalonnent le département de l'Ouest comme candidate au sénat pour le parti Tèt Kale, ou un activiste comme l'ex-député Nahoum Marcellus (Cap-Haïtien) ou encore l'actuel ministre de la communication Mario Dupuy, qui prête ses services de stratège politique au parti au pouvoir, etc.


Tout ce monde est normalement mis aussi à contribution dans le grand marchandage qui a lieu actuellement pour s'assurer non seulement la présidence, mais aussi la future majorité dans les deux chambres du parlement, car il est prouvé que seule la combinaison des deux permet une gouvernance tranquille.

Vérité victime ...
Pareil du côté de l'opposition. Sans vouloir jouer nous aussi les maitres sondeurs - maitres chanteurs il paraît que le nombre de candidats à la présidence commence à se réduire. Nous entendons par là que le mouvement de décantation a commencé. Entre les présidentiables, d'un côté. Et les autres.
Les présidentiables, non nous n'allons pas nous hasarder à citer des noms ... laissons l'opinion publique s'en charger !
Par contre la plateforme Vérité, qui avait bien commencé la course, semble devoir être l'une des premières victimes.
En effet, à quelques semaines de la présidentielle du 25 Octobre, il reste peu de chance à la formation de l'ex-président René Préval pour faire réintégrer son poulain, le recteur Jacky Lumarque, dans le peloton des candidats à la présidence dont celui-ci a été exclu par la volonté du Conseil électoral provisoire (CEP) et malgré les nombreuses démarches menées au niveau aussi bien national que international pour faire redresser la barre.

LAPEH, INITE et Vérité ...
Cependant plus récemment la plateforme Vérité a pris une décision très osée en déclarant qu'elle n'ira pas aux élections avec l'actuel organisme électoral.
Conclusion : que doivent faire alors les candidats de la formation qui, nonobstant son absence aux présidentielles, rassemble le plus grand nombre de candidats qualifiés pour le second tour des législatives, aussi bien pour le sénat que pour la chambre des députés ?
Selon des rumeurs, certains commenceraient à se ranger du côté d'un ancien allié. Il s'agit du candidat à la présidence Jude Célestin, aujourd'hui du parti LAPEH (Ligue alternative pour le progrès et l'émancipation haïtienne), mais qui avait été aussi celui de la plateforme INITE du président Préval lors des présidentielles de 2010.
Le coordonnateur de LAPEH, l'ex-sénateur hier sous la bannière de INITE, Jean Hector Anacacis, a déclaré la semaine dernière que les 'bases' des deux formations sont désormais réunies.
Aucun démenti n'a été formulé.

Le nerf de la guerre ...
On est certain que le même mouvement de rassemblement touche d'autres secteurs et surtout qu'il ira s'intensifiant ces prochains jours.
C'est là encore une anomalie de la politique haïtienne. Alors que le parlement a toute cette puissance, pouvant bloquer toutes les initiatives gouvernementales, c'est la présidence de la république qui demeure l'obsession. Y compris, de toute évidence, dans les milieux qui aident au financement des élections. Le nerf de la guerre.
Il est évident aussi que l'importance de ces derniers croit au fur et à mesure que l'on s'approche de l'issue finale. Ceci expliquant cela.

Haïti en Marche, 25 Septembre 2015