MIAMI, 15 Septembre – Le peuple de Port-au-Prince prenant son courage à deux mains est en train de regagner son foyer, son quartier après en avoir été chassé par les gangs massacreurs et pillards.
Après mûre réflexion le gouvernement qui semblait d’abord surpris par une décision disons aussi courageuse, est en train d’aider au nettoyage des lieux mais où tout n’est que ruines et désolation.
Il est évident qu’il faudrait presqu’une sorte de Plan Marshall du nom de celui qui avait été conçu pour l’Europe après la Deuxième guerre mondiale.
Or les mêmes causes produisent les mêmes effets. Nous entendons par là que si rien ne change sur le fond il ne faudra pas longtemps pour que nous retombions dans le même enfer.
Celui-ci a pour nom : la surpopulation.
Qu’est-ce qui est à la base des gangs ?
Réponse : en premier lieu une ville conçue au départ et jusque dans les années 1960 pour moins d’un million mais qui doit abriter aujourd’hui près de 4 millions ou plus on ne sait.
Tout à fait la réalisation de ce titre d’un ouvrage célèbre : « Les villes tentaculaires et les campagnes délaissées. »
En effet pour des raisons d’abord politiques la ville où enfants on attendait le mois de mai pour la chasse aux papillons dits de la Saint Jean, a été totalement détachée du reste du pays pour devenir l’enfer qu’elle est aujourd’hui …
Où tous s’accumulent, dernière estimation officielle : « 3,13 millions en 2025 … mais une zone urbaine en constante croissance et difficile à évaluer précisément en raison de l’expansion des bidonvilles. »
D’où viennent les gangs, et parmi lesquels les experts des Nations Unies ont relevé que la majorité ne dépasse pas l’âge de 16 ans …
Réponse : ils descendent de toute la chaine montagneuse qui entoure la capitale haïtienne. ‘Fils de personne’, comme le titre d’un autre roman.
Pourquoi cette concentration comment dire : suicidaire ?
Pour certains cela a commencé avec l’occupant américain de 1915 afin de pouvoir mieux contrôler la sécurité …
Mais pour ceux de notre génération c’est là l’œuvre de Papa Doc. Et tout à fait élémentaire. Il est arrivé au pouvoir en 1957 contre la volonté de la majorité de la population de la capitale haïtienne, alors il a fait envahir celle-ci par des populations qui hélas n’avaient pas encore connu l’énergie électrique.
Voilà.
Mais une deuxième étape plus importante survient avec le choix par les Etats-Unis dans les années 1970 de faire d’Haïti un important atelier de fabrication de produits pré manufacturés et que nous appelons ‘petite industrie’.
On dut faire venir encore plus de main d’oeuvre de la province lointaine.
Mais dès les années 1990 l’industrie manufacturière américaine s’envola pour les pays asiatiques …
Nous reste sur les bras cette population désormais sans contrôle à tous les points de vue … comme on vient de voir.
On pourrait même croire que c’est quelque dieu méchant qui nous a apporté cette crise pour forcer à accomplir ce qu’on appelle la Décentralisation, celle-ci paraissant la seule réponse à cette situation.
Autrement dit mettre en valeur le reste de notre pays, en tout cas les pôles les plus intéressants et prometteurs, les richesses sous toutes les formes.
Nous n’allons pas faire comme autrefois les Khmers rouges au Cambodge, ou même comme aurait encore fait un Papa Doc : forcer aujourd’hui les gens à repartir le fusil dans les reins …
Mais en même temps toute réponse qui ne prend pas cette dimension en valeur n’est que provisoire ou comme dit le créole ‘se lave men siye atè’.
Avec de plus une bourgeoisie ouvertement égoïste qui a voulu tout avoir et toujours à portée de main, aussi bien le bureau que la détente …
Conclusion : les mêmes causes produisant les mêmes effets comme on dit : Aider à reconstruire nos maisons, nos business - très peu qui n’ont pas perdu la leur dans cette terrible crise - c’est un premier pas mais la seule réponse c’est la Décentralisation …
Pas seulement sur le papier parce que le thème est abordé dans la Constitution en vigueur mais comme tous les importants prescrits dans cette même constitution, condamnés à rester seulement et éternellement lettre morte, sur le papier.
Cependant le moment est venu pour nous Haïtiens de savoir si cette nation nous appartient - ou au contraire à quelque puissante dominante je ne sais ou à quelques exploiteurs s’empressant de placer leurs richesses accumulées à l’extérieur …
Ou si nous comprendrons enfin que cette crise c’est un dernier avertissement, comme dit l’anglais un ‘wake up call’. Autrement dit c’est Décentraliser ou disparaitre …
Voire même, ‘pita pi tris’, qui sait il peut derrière y avoir pire encore que les Gangs.
Or on parle de prochaines élections. Du blablabla comme d’habitude.
Sauf à nous rappeler un ancien slogan électoral eh bien oui des années 1950 : ‘La politique de la terre, la seule la vraie !’
Connaissez-vous ?
Marcus Garcia, Haïti en Marche, 15 Septembre 2025