MIAMI, 13 Octobre – Toute la Floride se calfeutre attendant un ouragan de catégorie 5 (la plus élevée) du nom de Milton, mais c’est pour être prise totalement à revers. En effet une grande partie des morts et surtout des destructions seront causées par une pluie de ‘tornadoes’ (tornades) débouchant par surprise en tête du phénomène.

Pour les météorologues les plus avertis c’est encore là une manifestation du changement climatique, ou variations de températures frappant toute la planète et qui ne finissent pas de surprendre par leur nombre ainsi que leurs capacités de destruction.

Nous lisons : ‘Pourquoi l’ouragan Milton (remarquons que ce ne fut pas le cas avec son prédécesseur, l’ouragan Helene, qui a traversé le même territoire juste une semaine plus tôt) a produit ces nombreuses tornades (on en a relevé 126) et pourquoi les futurs ouragans peuvent faire de même ?

Y compris aussi chez nous en Haïti bien sûr puisque nous sommes dans la même zone dite tropicale.

Ainsi avant même d’atterrir aujourd’hui ces ouragans produisent un encore plus grand nombre de destructions et éventuellement aussi de morts.

A Ste. Lucie (Floride) on a compté jeudi dernier 17 morts, dont 5 après qu’une tornade eut déchiqueté un centre communautaire.

Des vidéos montrent les secours luttant pour délivrer des gens prisonniers des décombres de leur propre maison.

Quoique les ouragans sont souvent accompagnés de tornades c’est la première fois au moins depuis 1995, que d’aussi nombreuses et aussi puissantes de ces dernières surviennent en même temps.

Bien entendu la Floride n’est pas une exception et nous pensons à notre Haïti.

Existe-t-il aussi des tornades dans notre pays ?

Tenez-vous bien, c’est ce que enfants nous appelions : ‘tourbillon’.

C’était le temps aussi des ‘papillons la Saint Jean’, ces bourrasques aux couleurs chatoyantes qui s’abattaient soudain du ciel sur la capitale haïtienne, poursuivies partout par les enfants …

Le spectacle était aussi dans la rue. Y compris quand le ‘tourbillon’ faisait valser les jupes des filles.

Mais ‘apre yon tan che yon lòt’ (aujourd’hui tout a changé) et les plus de 4.300 familles de Bassin Bleu, Nord-ouest d’Haïti, vivent encore dans la rue après avoir été frappées le 23 mai dernier par une tornade qui a détruit leurs communautés, La Source et Fond Papaye, laissant 51 personnes grièvement blessées, de nombreuses maisons endommagées ou totalement détruites et un grand nombre de sans-abris.

Mais l’information a fait peu de bruit. Et aurait pu même passer inaperçue n’était un reportage de notre confrère : The Haitian Times.

Selon le maire de Bassin Bleu, Antony Manigat, interrogé par le journal ‘725 familles vivent encore sous la tente, plus de 600 enfants n’ont pu encore retourner à l’école cette année parce que celle-ci aussi a été détruite par la tornade, 436 maisons ont totalement disparu et 115 autres partiellement.’
Le maire de Bassin Bleu s’est plaint de ce qu’il considère comme l’indifférence du Conseil Présidentiel de Transition, l’actuel gouvernement provisoire d’Haïti … alors que c’est tout le pays qui est lui-même dans l’ignorance totale du nouveau phénomène : la ‘tornade’.

Au contraire les informations tombant cette semaine de la Floride peuvent être utiles à ce sujet. Alors que nos compatriotes de La Source et Fon Papay doivent se débrouiller tout seuls ayant tout perdu, la tornade ayant emporté les lits, matelas, vêtements, passeports, actes de naissance etc, n’était l’aide internationale avec l’Unicef écrit The Haitian Times … Mais par contre en Floride on a déjà fait les comptes : 126 avertissements de tornades relevés du même coup par le National Weather Service dont 46 se sont matérialisés. A Ste Lucie, 5 personnes mortes après qu’une tornade a frappé un centre communautaire (servant justement comme refuge à l’approche de l’ouragan Milton) …

Mais aussitôt commencent les opérations de nettoyage et de reconstruction. Budget ? Plusieurs dizaines de milliards de dollars. La plus grande catastrophe naturelle jamais arrivée dans l’Etat de Floride, selon les compagnies d’assurances.

Voici donc aussi à quoi nous sommes exposés dans notre Haïti … surnommé le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental.

Alors que peut-on faire ?

Attendre et quoi d’autre ? Que le ciel nous tombe sur la tête (Merci Astérix !).

Notre histoire est jalonnée de noms de cyclones dont l’ouragan Hazel reste le plus tristement célèbre, ou Flora mais voici que nous entrons dans l’ère des ‘tornadoes’, tornades …

Puisque les pouvoirs publics sont plus occupés ailleurs on ne sait trop à quoi ni dans quel but, alors c’est une tâche pour … pour l’école haïtienne. N’est-ce pas. Sensibiliser nos enfants. Tout de suite. Et pas l’année prochaine.

Marcus Garcia, Haïti en Marche, 13 Octobre 2024