Haïti-Séisme : Les sinistrés sont en désaccord avec les Ongs, selon le SJR 


Le Service Jésuite aux Réfugiés (SJR) relève une insatisfaction grandissante des sinistrés du 12 janvier et réclame une meilleure orientation de l'aide humanitaire en Haïti, à l'occasion de la journée internationale de l'aide humanitaire, ce jeudi 19 août 2010.

« La colère des personnes déplacées contre les Ongs et les agences internationales continue à se répandre et à s'intensifier dans les camps », révèle le SJR.

Le SJR souligne que les interventions d'acteurs humanitaires sont marquées par « des conflits pour la visibilité ».

En même temps, « en plusieurs occasions, le SJR a eu à intervenir, à titre de médiateur, pour aider à la résolution pacifique des conflits entre les Ongs et les comités de quelques camps, entre les propriétaires des terrains privés et les déplacés », confie l'organisation.

Le Service Jésuite aux Réfugiés salue toutefois le « travail de certaines Ongs et la capacité d'organisation » des personnes vivant dans les camps, qui ont permis « de prévenir, avec peu de moyens, des maux comme les épidémies, la violence généralisée, le chaos et même une catastrophe humanitaire ». 

L'aide humanitaire doit cependant être réorientée de sorte qu'elle puisse satisfaire les besoins réels de la population, tout en respectant sa culture et sa dignité et en renforçant sa capacité d'organisation ainsi que sa créativité, estime la note.

Le SJR recommande ainsi à l'Etat haïtien de coordonner l'action des Ongs et de répondre aux besoins les plus urgents des sinistrés, notamment leur relocalisation vers un espace offrant des conditions de vie plus acceptables.

L'Etat haïtien est également appelé à mettre fin à la dépendance et à la mendicité que le modèle actuel d'aide humanitaire contribue à instaurer.

Le SJR exhorte les organisations et agences internationales, entre autres, à ne pas exclure les acteurs locaux dans les espaces de décisions et à identifier, de concert avec les sinistrés, leurs besoins réels.

Plusieurs dizaines de sinistrés des camps de Pétion-Ville et de Delmas avaient manifesté, la semaine dernière, dans les rues de Port-au-Prince pour réclamer du gouvernement l'accès à des logements décents pour tous les sans abris et la fin des expulsions de sinistrés.

Un peu plus d'un millier de centres d'hébergement spontanés ont été érigés dans les zones touchées par le séisme au lendemain du 12 janvier. Ils accueillent environ 1,5 millions de sinistrés, selon les travailleurs humanitaires présents sur place en Haïti.