Trois agences des Nations Unies appellent à la fin des manifestations violentes qui ont débuté le 15 novembre dans le Nord d’Haïti car cette violence compromet la réponse face à l’épidémie de choléra. Dans un contexte où les besoins de la population haïtienne sont accentués par l’accumulation de crises - le séisme, l’ouragan Tomas et l’épidémie de choléra, ces trois agences des Nations Unies expriment le souhait de pouvoir reprendre leurs opérations à plein régime le plus vite possible.

Pour le Dr. Lea Guido, la Représentante de l’Organisation Mondiale de la Santé en Haiti (OPSOMS) « le nombre de décès dus au choléra ne cesse d’augmenter et la situation sécuritaire empêche les approvisionnements d’arriver à ceux qui ont le plus besoin comme les enfants malnutris, les femmes enceintes et les personnes âgées ». Le département du Nord fait face à un taux de létalité hospitalière de 7,5%, le plus haut dans le pays. Selon l'OMSOPS et l'Agences Nations Unies pour les enfants (UNICEF), ce taux pourrait être multiplié par 5 si les patients n'ont pas accès aux services de santé.

Les problèmes de sécurité n’ont pas épargné les services de transport aérien offerts par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) à l’ensemble de la communauté humanitaire. Après une courte interruption, l’hélicoptère du PAM a repris ses vols vers le nord du pays. Hier, des vols vers Port-de-Paix ont permis de livrer des médicaments pour lutter contre le choléra.

« Si la violence persiste, ce sont les plus vulnérables qui en paieront le prix » a dit Myrta Kaulard la Représentante du PAM en Haiti. À Cap Haïtien et dans le nord-est, le PAM ne pourra pas fournir de repas chaud quotidiennement à 190 000 enfants inscrits dans les écoles faisant partie du programme de cantines scolaires. De plus, 35 000 femmes enceintes et enfants de moins de 5 ans ne recevront pas de produits alimentaires spécialisés pour prévenir ou combattre la malnutrition. «Déjà, des distributions de savons et de comprimés de purification d'eau dans les écoles du pays n'ont pu avoir lieu, a ajouté Kaulard. Ceci ralentit notre campagne de prévention du choléra et risque de mettre la vie de ces enfants en danger».

Francoise Gruloos-Ackermans, la Représentante de l’UNICEF en Haiti à déclaré pour sa part que l’insécurité récente dans le Nord compromettait la lutte contre le choléra, en particulier en ce qui concerne les enfants qui constituent la moitié de la population. « L’insécurité affecte directement la réponse à l’épidémie de choléra et met la vie de milliers de personnes en danger, parmi eux de nombreux enfants. Si la situation persiste les enfants ne seront pas en mesure de se rendre à l’école et ils deviendront de plus en plus à risque.»

Les Nations Unies coordonnent actuellement un appel à l’aide internationale d’urgence pour lever des fonds d’un montant de 164 millions de dollars pour financer la réponse face au choléra.