L’ancien dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier a plaidé en faveur de la réconciliation nationale tout en exprimant sa tristesse pour les victimes de son gouvernement et en présentant ses sympathies à ses partisans pourchassés à sa chute en février 1986.

Lors de ses premières déclarations à la presse après son retour le 16 janvier dernier, Duvalier a souhaité que « la cloche de la réconciliation nationale puisse résonner dans tous les cœurs » en vue de la « renaissance d’Haïti », alors que l’ex tyran est poursuivi pour crimes contre l’humanité, détournements de fonds et corruption.

Dans la résidence privée de Montagne Noire (périphérie est) où il a pris logement la veille après avoir laissé l’hôtel où il était hébergé depuis dimanche, Duvalier a exprimé sa « profonde tristesse » à l’endroit de ses « compatriotes qui se reconnaissent à juste titre d’avoir été victimes » durant son régime.

Des citoyens continuent de porter plaintes contre l’ancien président à vie, qui doit rester à la disposition de la justice et qui est sous le coup d’une interdiction de départ.

« Je m’attendais à toute sorte de persécutions », déclare Duvalier qui s’exclame : « peu importe le prix à payer ».

Jean-Claude Duvalier présente ses « sympathies » à ses « millions de partisans » qui ont été pourchassés après son « départ volontaire » du pays le 7 février 1986 « afin d’éviter un bain de sang et de faciliter un dénouement de la crise politique ».

Il souligne que « des milliers » de ses disciples étaient « lâchement assassinés, boucanés, grillés (…) leurs maisons, leurs biens, pillés, déchouqués (…) ».

Duvalier déclare aussi avoir voulu rendre un hommage aux victimes du séisme dévastateur du 12 janvier 2010 et témoigner de sa « solidarité » en cette période difficile.

Agé aujourd’hui de 59 ans, l’ancien dictateur a régné sur Haïti de 1971 à 1986, succédant à son père Francois Duvalier qui est arrivé au pouvoir en 1957.

Les Duvalier ont établi un régime de fer en Haïti et sont responsables de la mort de milliers d’opposants et du détournement d’importantes ressources du pays durant 29 ans.

La chute de la dynastie des Duvalier, le 7 février 1986, sous la pression de la lutte démocratique et populaire, avait été saluée par la population, à travers des manifestations monstres dans tout le pays et avait été considérée comme un tournant.

Le retour de Jean-Claude Duvalier intervient dans un contexte de crise politique, suite au premier tour des élections présidentielles et législatives contestées du 28 novembre 2010. La communauté internationale accentue la pression contre les autorités en place afin d’écarter de la course le candidat du pouvoir, Jude Célestin, qui serait arrivé frauduleusement en deuxième position.