En Haïti, l'instruction du dossier juridique de Jean-Claude Duvalier se poursuit. L'ancien dictateur est déjà inculpé pour crimes financiers et il fait aussi l'objet de plusieurs plaintes pour crimes contre l'humanité. Trois mois après le retour surprise de « Bébé Doc » en Haïti, Human Rights Watch présente un rapport confiant sur la tenue future d'un procès Duvalier.
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Le conseiller juridique d'Human Rights Watch, Reed Brody, veut éviter toute vengeance contre Jean-Claude Duvalier mais il interpelle les autorités haïtiennes sur le besoin de justice. « Un procès équitable pour Jean-Claude Duvalier pourrait contribuer, en fait, à restaurer la confiance des Haïtiens dans un système judiciaire qui a toujours servi à protéger les massacres, à protéger les auteurs des pires atrocités, affirme-t-il. Les victimes surtout sont choquées, par exemple, de voir l’indulgence avec laquelle est traité Jean-Claude Duvalier qu’on voit dans les bars, dans les restaurants, les festivals. En Haïti, il n’y a jamais eu un procès. Cela pourrait être le procès du siècle, le procès le plus important dans l’histoire d’Haïti. Et donc il faut que le gouvernement y mette aussi des moyens. »
Le gouvernement Préval a montré qu'il voulait que Jean-Claude Duvalier soit jugé. Lors de sa campagne, Michel Martelly a prêché pour l'Etat de droit. Mais la mise en place de ce procès risque de prendre du temps. Un temps que n'ont pas forcément les victimes. Lundi, Claude Rosier est décédé. Doyen des prisonniers politiques de Duvalier, il avait passé onze ans à Fort Dimanche.