Déconfinement ou comment Jovenel l’emporte sur Trump

MIAMI, 11 Juillet – Lequel copie l’autre ? De Trump ou de Jovenel ? En tout cas seul le président haïtien qui ait réussi à ‘déconfiner’ son pays. Du simple fait que ses administrés soient obligés de s’y résigner.
L’aéroport international de Port-au-Prince est ouvert à nouveau au trafic international depuis deux semaines. Les compatriotes qui étaient restés bloqués à l’extérieur à cause de l’épidémie du nouveau coronavirus, s’y bousculent. Le gouvernement haïtien est menacé d’asphyxie économique et avait besoin de cet important apport en taxes.
Pendant que le président américain, de son côté, se casse la tête contre tous les murs de la Maison blanche mais son désir de ‘déconfinement’ fait partout échec, y compris là où cela avait pu commencer (comme dans l’Etat de Floride) mais voici qu’une remontée brutale de l’épidémie force à ‘confiner’ de nouveau. Or c’est un objectif important dans sa campagne en vue de l’obtention d’un second mandat aux présidentielles du 3 novembre prochain.
Faut-il en conclure que Jovenel Moïse a plus de pouvoir que Donald Trump ?
Ne riez pas !
C’est plutôt la différence entre un pays développé et un autre qui vit comme au Moyen Age, et aujourd’hui plus que jamais.
Jovenel Moïse joue sur une vieille carte haïtienne, remontant aux esclaves révoltés de Saint Domingue montant à l’assaut de la citadelle de l’armée d’occupation envoyée par Napoléon Bonaparte en 1802 aux cris de ‘Grenadiers à l’assaut, sa ki mouri zafè a yo’ (La victoire ou la mort !). Et en effet, ils ont gagné.
Mais on ne peut refaire tous les jours ‘1804’ ni vivre éternellement sur des structures moyenâgeuses.
Le président Jovenel Moïse joue l’existence même du peuple haïtien sur un coup de dé tandis que le président Trump le voudrait-il (et il en semble capable) que cela ne lui est pas permis.
Parce que les Etats-Unis c’est un grand pays, ce qui veut dire un pays non seulement développé mais doté de cadres à tous les niveaux et ceux-ci non seulement préparés mais acceptant leurs responsabilités.


Les premiers à faire barrage aux ‘folies’ du président américain allant jusqu’à refuser obstinément de porter le masque (cache nez) qui est la seule barrière jusqu’à présent au terrible virus, sont les scientifiques.
Ce sont eux aussi qui affrontent la mort en première ligne.
Contrairement aux personnels médicaux haïtiens dont on dit qu’ils s’enfuyaient à l’arrivée des premiers cas de coronavirus, mais c’était au début.
Ensuite viennent les politiques. Les Démocrates non seulement qui marquent des points vers le scrutin présidentiel du 3 novembre (une avance de 10 points ou plus, selon le New York Times), mais dans le camp Républicain aussi a commencé une certaine démobilisation. Au moins 5 importants sénateurs ont annoncé qu’ils ne participeront pas au congrès de Jacksonville, Floride (27 août) qui doit introniser officiellement l’actuel hôte de la Maison blanche comme le candidat du parti.
Mais cela ne rend pas le président haïtien politiquement plus solide que son homologue américain.
D’abord Jovenel ne fait rien sans en demander la permission à Trump ; qui pis est, c’est le premier président haïtien qui ne se gêne pas pour le faire aussi ouvertement. Nous voici presque nostalgiques du Baby Doc s’écriant : ‘Nou kanpe rèd kou ke makak !’ Y compris avec l’accent nasal … et gros bébé !!!
Partant le président haïtien actuel (et pour paraphraser le roi Henri Christophe) … n’a pas plus de pouvoir qu’un caporal !
Cela malgré que notre bonhomme ait manœuvré pour avoir des pouvoirs quasi-dictatoriaux, ayant différé toutes les élections (législatives, municipales …) et jusqu’aux présidentielles : à quand celles-ci ? 2020, 2021 ou 2022 ? Allez savoir.
Mais une dictature ‘en carton-pâte’ c’est-à-dire dont le sort dépend aujourd’hui d’une simple sortie plus ou moins calculée des bandes de civils armés mais organisées depuis sous un label qui fait fortune, y compris dans les milieux internationaux : le ‘G-9 an fanmi’. Mais passons pour le moment.
Tandis que de son côté le président américain est de plus en plus le ‘Don Quijote de la Mancha.’ Toujours prêt à sortir son sabre … mais aujourd’hui un sabre de bois. Ses ordres, de plus en plus éloignés des réalités du pays (qui fait face en même temps à trois crises : sanitaire, raciale et politique), finiront par ne plus être respectés … bientôt jusqu’à la Maison blanche même. Aujourd’hui ne voit-on pas le vice-président Mike Pence forcé quant à lui de porter aussi l’indispensable … masque.
Parce que les Etats-Unis ont un système de pouvoir qui ne permet pas les mêmes incartades que dans d’autres pays.
Et qui se résume dans une formule inscrite dans la Constitution : le ‘checks and balances’, chaque pouvoir doit être rééquilibré par un autre. Et le timing des élections est calculé pour éviter tout vide comme ce qui se constate actuellement chez nous.
Faut-il en conclure que, comme dit l’autre, Haïti n’existe pas !
C’est allé trop vite en besogne. Mais il est évident qu’on a assez perdu du temps comme cela. Aussi comme disait l’autre (paix à son âme !) : A bientôt détails !

Marcus - Haïti en Marche, 11 Juillet 2020