1986, des hommes et des femmes se sont battus pour renverser le régime des Duvalier. C'est un combat qui a duré longtemps si l'on se réfère à ceux menés par Jacques Stephen Alexis et toute sa génération et celle d'avant, contre le système, l'occupation et l'après occupation. On dirait que toute cette bataille a été livrée en vain. On dirait que les ainés avaient tort, et qu'il ne fallait pas se dresser contre l'ignominie et l'indignité. On dirait que cela n'a servi à rien.
Ces jours derniers, les médias particulièrement et une bonne majorité de la population tirent à boulets rouges sur les partis politiques. On dirait que ces derniers n'ont plus leur place dans cette société haïtienne pour laquelle nombre d'entre eux ont consacré leur jeunesse et leur vie. Comme d'autres, certains chefs de ces partis auraient pu prendre leur temps pour s'enrichir, piller l'Etat trafiquer les ressources du pays, mais ils ont fait le choix couteux de sacrifier leur être en se mettant au service du pays sans frais ni rémunération. Seulement pour sauvegarder ce coin de terre chèrement léguée par nos glorieux ancêtres.
Aujourd'hui, à la faveur d'opportunités politiques, un Jude Célestin a émergé, l'on se souvient des circonstances. Préval a voulu faire la passation comme il l'avait fait en 2000, au bénéfice d'Aristide en organisant des élections frauduleuses de 2010. Jude n'a pas gagné, il a perdu face aux manœuvres des institutions internationales qui ont donné le pouvoir a M. Martelly, détenteur d'un Passeport américain, qui a tout pour être, sauf le Président d'un pays si petit qu'il pourrait être.
A l'instar de Préval, Martelly a organisé sa sortie, il choisit quelqu'un sur qui il peut compter pour le couvrir, le laver de tous les forfaits qu'il a commis et qui a entrainé le pays jusqu'au fond de cet abime de pauvreté, et il s'en frotte les mains, il a réussi sa mission. Il a payé ses dettes et s'est construit une immense fortune qu'il a étendue sur plusieurs générations.
Le pays se retrouve face à un dilemme sérieux : une bataille permanente à livrer pour changer le système et une lutte acharnée des supporteurs du système pour conserver les privilèges au détriment des intérêts supérieurs de la nation et des intérêts stratégiques et pratiques des populations.
Les politiques traditionnels n'ont pas vu se retourner le vent de la démocratie en leur défaveur. Ce n'est plus la foi, ni les idéologies, ni la conviction qui commandent les choix de gouvernance, ce sont des intérêts particuliers qui déterminent ces choix. Ils ont commis des erreurs, leur lutte a été cooptée, et la vapeur a été renversée. Les reproches acerbes viennent de ceux qui se sont croises les bras et regarder passer la caravane pour prendre le gouvernail en fin de marche. Les politiques qui ont tout donné se trouvent au banc des accusés pour n'avoir pas su ou pas pu anticiper en fonction d'un certain déterminisme historico-politique.
Les médias aujourd'hui crachent sur la bataille des anciens, sans chercher à comprendre qu'à chaque fois cette bataille a été récupérée. La politique est devenue une question d'argent, de beaucoup d'argent pour s'acheter des votes, payer pour obtenir des privilèges, à croire que pour intégrer l'Etat, ce n'est pas la compétence qui est priorisée mais l'argent qu'il faut payer et surtout le montant qu'il faudra verser régulièrement pour garder ce poste, sinon c'est la bastonnade La compétence et l'expérience sont devenues des éléments embarrassants pour ce système. Il suffit d'avoir son père occupé un poste de responsabilité pour devenir millionnaire en peu de temps. Alors, dites-nous ou se trouve l'enjeu ?
Les populations ayant subi toutes conséquences néfastes des choix des gouvernants, se sont laisse aller au sauve qui peut. Je vous vends mon vote. Le pays c'est pour les autres qui réussissent avec la politique et la politique devient un marché juteux pour ceux qui peuvent payer les frais.
A quand le réveil collectif. Allons-nous nous laisser entrainer par le courant de la politique mercantile qui entraine le pays vers l'indignité et qui consacre notre incapacité de peuple à prendre en main notre destine ? Allons rester les bras croisés à constater que le pays est transformé à un vaste champ de banane ou une entreprise de vente au détail.
Où est la vision de construction de la nation qui devrait sous-tendre toute velléité de gouverner un pays ? Quel est le projet qui va être exécuté ?
A la faveur de mascarade électorale, de passation de pouvoir, le pays dépérit. Il est temps d'arrêter. Il est temps de se questionner, de questionner nos modes de fonctionnement, notre façon de concevoir le pays, Haiti.
Ce système, avec un CEP dépendant, un mode électoral désuet et onéreux, qui maintient le pays dans la dépendance politique, avec des dirigeants insensibles à la problématique du sous-développement du pays, sans vision aucune, ce systeme, disons-nous, ne peut que produire des êtres sans ame, sans conviction et dénués de patriotisme,
Compatriotes, Osons, Changeons le système !