PORT-AU-PRINCE, 22 Mars – Tout en reconnaissant que l’actuelle épidémie constitue une menace pour tous les pays, sous quelque tropique qu’ils se trouvent, on ne voit les organisations internationales faire aucun geste à notre égard.
Il ne s’agit pas de l’aide appelée chez nous ‘sinistrée’, sous forme alimentaire ou autre ressource d’urgence comme après le passage d’un puissant cyclone, qui nous est traditionnellement attribuée …
Le Coronavirus introduit un élément nouveau où ce sont tous les pays qui sont frappés presqu’en même temps et à commencer par les mieux pourvus, les fournisseurs d’aide habituels qui auraient pour une fois plutôt besoin de l’aide des receveurs traditionnels …
Mais cela ne veut pas dire que ces derniers n’ont pas besoin également d’une assistance : celle des institutions internationales placées à cet effet ; sauf que cette fois il ne s’agit pas d’aide alimentaire ou financière, mais plutôt : comment aider les pays les moins bien équipés dans le domaine médical (technologico-médical) à se préparer à faire face.
Et de ce côté tous s’appliquent à dire que (en Haïti) nous ne sommes pas prêts du tout.
On lit dans la grande presse : ‘Coronavirus : l’OMS appelle l’Afrique à se réveiller face à la pandémie.’
En Haïti la situation est pourtant la même. Et on a l’impression qu’on nous laisse tout seuls face à la même menace.
On lit encore : ‘Même si l’Afrique reste encore peu touchée, l’Organisation Mondiale de la Santé a appelé le continent à se réveiller et à se préparer au pire’ face à la propagation de la pandémie – alors que l’on annonce un mort au Burkina Faso, le premier en Afrique subsaharienne.
En Haïti non seulement nos établissements hospitaliers ne sont pas équipés en conséquence mais nous manquons aussi d’un personnel expérimenté au point que les quelques-uns sur place tendent plutôt à se révolter par peur d’une épidémie qui reste aussi mystérieuse pour eux qu’elle l’est pour le commun des mortels.
Comme on l’a vu la semaine dernière au Cap-Haïtien (Nord).
Panique ou manque de conscience professionnelle ce sont encore des personnels médicaux qui auraient dirigé des voisins à attaquer le professeur de l’Université du Roi Christophe de Limonade (Nord) qui avait invité lui-même à être testé pour le virus.
Or conclusion, le résultat est négatif.
Outre que nous avons en Haïti plusieurs hôpitaux ou du moins établissements hospitaliers importants (Port-au-Prince, Jacmel, Gonaïves etc), construits ou rénovés au lendemain du séisme qui a frappé cruellement notre pays en janvier 2010.


Mais qui ne peuvent pas être utilisés à leur juste valeur par manque d’un personnel adéquat.
Cependant on n’a entendu aucun intérêt se manifester jusqu’ici pour notre pays du côté de l’OPS-OMS, ni d’aucune des grandes organisations impliquées dans la crise qui a déjà fait plus de 13.000 morts dans le monde, dont 6.000 en Europe (en tête l’Italie avec 4.000 morts, la France, l’Espagne …).
Aux Etats-Unis plus de 100 morts déjà dénombrés tandis que les mégapoles de New York, Los Angeles se mettent en ‘confinement’, c’est-à-dire les résidents appelés à ne pas sortir de chez eux.
On pense à l’histoire de Moïse luttant avec Pharaon pour laisser partir son peuple, et à l’épisode de l’Ange exterminateur !
En Haïti nous ne sommes pas encore à ce stade, la population vaque jusqu’ici librement à ses occupations mais on se sent peut-être plus qu’ailleurs sous une épée de Damoclès parce que, l’épidémie mettrait-elle les pieds chez nous pour de bon, que ce serait une hécatombe encore plus qu’ailleurs.
On n’ose se l’imaginer.
C’est peut-être la première fois dans l’histoire des catastrophes naturelles que nous n’avons pas à jouer les ‘sinistrés’ mais estimons avoir les mêmes droits que l’Italie qui vient de recevoir plusieurs centaines de milliers de masques envoyés pour elle par la Chine ou autres …
Même si coopérants et diplomates étrangers s’empressent de laisser notre pays mais c’est jusqu’à présent par peur de l’insécurité que du Coronavirus.
Cependant est-ce une raison pour l’OPS-OMS et autres, de barrer le nom d’Haïti de leur liste ?

Haïti en Marche, 22 Mars 2020