MIAMI, 4 Avril – A-t-on jamais vécu d’aussi près la mort, y compris la sienne ?
Tout le monde est en train de suivre l’odyssée de ce présentateur du journal du soir de la chaine CNN, Chris Cuomo.
Un jour la semaine écoulée, c’est son frère ainé, le Gouverneur de l’Etat de New York, le plus affecté aujourd’hui par l’épidémie du Coronavirus, Andrew Cuomo, qui au cours de sa conférence de presse quotidienne mentionne que son frère, le journaliste Chris Cuomo, a été atteint.
Mais le même soir, qui présente le journal de 9 h pm sur la chaine CNN ? Chris Cuomo en personne.
Il n’est pas en studio, ni à l’hôpital mais installé dans le sous-sol chez lui pour éviter de contaminer sa famille.
Confiné et séparé des siens. A l’heure où l’on a le plus besoin de leur support moral et tout.
Et ainsi de suite, en dehors des nouvelles du jour, nous suivons aussi en direct chaque soir l’évolution de la maladie chez le malade et par le malade lui-même.
Directement du malade au … téléspectateur.
Chris Cuomo nous raconte qu’il n’avait jamais autant souffert de sa vie.
C’est surtout la fièvre et la nuit, une fièvre qui ne saurait être plus brulante et brutale …
Et des douleurs par tout le corps.
Bref, qu’il souffre le martyre.
Egalement en direct, son médecin (qui est aussi un présentateur de la chaine CNN) écoute soigneusement et conseille le malade …
Tout cela sous l’œil presque désemparé du téléspectateur.
Qui en profite pour lui-même, car qui sait ? le président du Task Force présidentiel sur le Coronavirus, Dr Antony Fauci, vient de déclarer lors du point de presse quotidien du président Donald Trump que l’épidémie atteindra son pic dans les deux prochaines semaines et qu’un bilan de 100 mille à 250 mille morts pour les seuls Etats Unis, ce n’est pas impossible.
Chaque jour, chaque heure, chaque minute les chaines américaines informent : 1 million 192.000 cas dans le monde, plus de 64 mille morts ; aux Etats-Unis : près de 306 mille contaminés à la date du 4 avril 2020, et 8.291 morts – la moitié dans l’Etat de New York.
Comme dit le créole : ‘sa rele wa p mache ak sèkèy ou anba bra ou.’
Jamais on n’avait senti la mort rôder autour de soi d’aussi près.


Certains sortent de l’hôpital guéris, d’autres meurent le même jour sinon avant même l’admission car les hôpitaux sont débordés.
On transforme Central Park en un hôpital à ciel ouvert.
Le paquebot médical Comfort, bien connu pour sa visite annuelle en Haïti, baigne depuis une semaine dans la baie de New York.
Est-ce que Chris Cuomo s’en sortira ?
Il en est à son 4e jour à souffrir dans le ‘basement’ même de sa résidence.
Probablement qu’il ne requiert pas (pas encore) un respirateur artificiel (en anglais ‘ventilator’), en effet l’impossibilité de respirer est la phase ultime de la maladie.
C’est même un sujet de guerre entre Trump et les Gouverneurs Démocrates comme celui de New York.
Ces derniers réclament un nombre toujours plus grand de ‘ventilators’. Trump considère leurs demandes exagérées.
Voici que la Chine vient cependant d’offrir gracieusement un millier de ces respirateurs-là à l’Etat de New York.
A ce propos que devient la commande pour 18 millions de dollars américains passée par le gouvernement haïtien à une compagnie chinoise pour des équipements contre le Coronavirus, dont des ‘ventilators’ …
Alors que la même Chine en offre en cadeau au pays le plus riche de la terre !
Mon voisin à Miami vient de me dire qu’un compatriote est mort le jour précédent. Il avait 77 ans.
Cependant l’âge ne fait rien à l’affaire comme on croyait auparavant.
Ni la race, oui nous insistons ni votre race ou nationalité d’origine.
Un bébé est mort dans le Connecticut tandis qu’un homme de 107 ans est sorti de l’hôpital guéri et sous les applaudissements du personnel soignant.
Compte d’avantage votre état général, dit-on, les plus résistants sont ceux et celles jouissant déjà d’une meilleure santé.
Mais il y a pis : les parents n’ont pas accès à leurs morts.
Des photos en Italie montrent des cercueils en rangs serrés à même le sol.
Avec des couronnes mortuaires jetées pêle-mêle.
On pense à Mozart qui fut enterré dans une fosse commune.
Qu’on soit ministre, savant ou simple chômeur la mort par Coronavirus n’a point d’égard.
Ou pour citer le poète : ‘Et la garde qui vieille à la porte du Louvre, n’en défend point nos rois.’
On pense aux Haïtiens qui refusaient d’enterrer nos victimes du choléra sans veillée funéraire alors que le microbe du choléra on sait comment il procède si on ne peut pas le montrer du doigt, tandis que le Coronavirus c’est plus que l’inconnue totale, un élément invisible sans couleur et sans odeur.
Sans aucune trace.
Seulement qu’il procède par contact rapproché avec une personne déjà contaminée.
D’où les recommandations de confinement total (s’enfermer chez soi … avec seulement les siens !) et de réduction des rassemblements publics à pas plus de deux ou trois personnes.
C’est pour l’instant le seul moyen en principe sûr d’éviter la contamination.
Application difficile dans un pays comme chez nous où près de la moitié de la population vit pratiquement dans la rue, n’a pas un chez soi.
Mais venons-en, si vous le voulez bien, aux lendemains de Coronavirus car cela arrivera bien un jour.
Pour les plus informés ce sera vraiment le cas lorsqu’un vaccin sera découvert.
Ceux-là pensent dans un délai de pas moins d’un an à 18 mois.
Que restera-t-il alors de cette crise sans précédent, de toutes ces précautions que nous aurons appris à respecter ?
Sous peine de mort.
Est-ce que les couples recommenceront à s’embrasser sur les lèvres sans crainte d’être contaminés l’un par l’autre.
Voire de faire l’amour comme … comme avant.
Ou bien Coronavirus est-il le plus grand changement dans l’histoire du genre humain … depuis que Adam et Eve furent chassés du Paradis terrestre ?

Marcus-Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince