Port-au-Prince, le 14 avril 2020
Le Comité national haïtien du Conseil International des Musées (ICOM Haïti) a appris avec stupéfaction et indignation la destruction de la toiture de la Chapelle royale de Milot, emportée par les flammes dans la nuit du 12 au 13 avril 2020, et les actes de vandalisme perpétrés contre le Musée de l’Artillerie à la Citadelle, le samedi 11 avril 2020. Le Parc National Historique - Citadelle /Sans Souci/ Ramiers, qui rassemble ces monuments phares de notre histoire, et classé Patrimoine mondial depuis 1982, est loin de recevoir l’attention qu’il mérite de la part des pouvoirs publics.


ICOM Haïti demande une enquête rigoureuse pour fixer les responsabilités et punir avec la dernière vigueur les auteurs de ces actes et tous ceux qui auront été mis en cause. Le Comité s’insurge, par ailleurs, contre la déplorable habitude de s’en prendre violemment aux biens publics et privés pour exprimer des revendications - pour justes qu’elles soient par ailleurs.
ICOM Haïti prend acte de la déclaration d’engagement du Comité Interministériel de Gestion du Parc National Historique exprimée lors de la conférence de presse du 14 avril et en appelle à la responsabilité des institutions concernées et de l’État pour :
1. Délimiter un périmètre de protection autour des vestiges de la Chapelle afin d’éviter toute contamination à partir des matériaux à base d’amiante de la couverture et réputés hautement cancérigènes ; 

2. Établir un plan de contingence pour les monuments et le Parc National Historique ; 

3. Renforcer les structures de gestion des monuments et sites du pays en vue du suivi 
technique des biens culturels, particulièrement ceux publiés par l’ICOM dans la Liste 
Rouge des biens culturels haïtiens en danger. 

4. Mettre en place une campagne nationale d’information et de sensibilisation à la 
protection du patrimoine haïtien souvent laissé à l’abandon ou mis à mal par la 
population elle-même. 

5. Dégager en urgence des fonds du Trésor Public pour la protection du patrimoine et la 
reconstruction des monuments endommagés. 
ICOM Haïti demande donc que l’État haïtien réponde à ses obligations stipulées tant 

dans la législation haïtienne (en particulier le décret du 14 mars 1983) que dans les conventions internationales signées et ratifiées par l’État haïtien, notamment, la Convention de l’UNESCO de 1972 sur la protection du patrimoine (art. 4 et 5) et la Convention de San Salvador de 1983 (art. 1) qui imposent aux États adhérents l’obligation d’assurer la protection, la conservation et la mise en valeur de leur patrimoine et d’adopter des mesures y afférentes.
ICOM Haïti exige que des mesures énergiques, systématiques et urgentes soient prises pour prévenir d’autres catastrophes du même genre causant des pertes irrémédiables au patrimoine national.
Rachelle Charlier Doucet Présidente du Comité national haïtien de l’ICOM (ICOM-Haïti)