MIAMI, 9 Mai – Le coronavirus à nouveau nous trompe. Voici qu’un bébé de moins d’une année est décédé à Chicago (Illinois) de l’épidémie ainsi que trois enfants à New York d’une maladie dite mystérieuse. On parle aussi de cas semblables dans une école maternelle à Montréal, le Québec est devenu ces derniers jours un des points chauds de la pandémie.
Alors qu’on se persuadait jusqu’ici que le Covid-19 emportait surtout les plus âgés.
Au point qu’un observateur quelque peu philosophe a pu relever que si c’était le contraire, si c’était les plus jeunes les plus frappés, eh bien ce serait en perspective la disparition de l’espèce humaine.
En effet.
Toujours est-il qu’on peut être frappé par plutôt une absence jusqu’ici de véritable réflexion autour du nouveau mal.
Où sont les dignes successeurs de Descartes … ou de Foucault ?
Notre humanité si bavarde, et à l’heure de tous les Facebook, Google et consorts, en reste néanmoins bouche bée.
La seule représentation du Coronavirus, après bientôt six mois depuis l’apparition de l’épidémie à Wuhan, ville industrielle chinoise, 11 millions d’habitants, c’est le masque.
Justement comme si l’humanité se masque, soudain se voile la face pour ne pas reconnaitre la vérité. Sa vérité. Que c’est le temps de se rappeler avec Einstein : tout ce que je sais c’est que je ne sais rien !
Les acteurs politiques dépassés c’est normal c’est leur nature.
Par contre les plus grands chercheurs, nos sommités en sciences et en philosophie qui en sont réduites à se bousculer pour avoir un petit bout de temps d’antenne (ex. émission Don Lennon sur CNN, 10 heures pm) et finissent par mettre inexorablement les pieds dans les plats, comme dit la petite dame du coin : c’est du jamais vu !
En effet, la première leçon du Coronavirus c’est que tout est à réinventer.


A commencer par comment représenter une épidémie qui n’a ni couleur, ni odeur. Aucun support physique.
Comment combattre ce qu’on n’arrive pas à distinguer. Sous aucune forme. Ni physique, ni mentale. Ni autre. Rien.
Même Chernobyl, la centrale atomique qui avait pris feu en Russie, pardon Union Soviétique, dont on a pu mesurer les particules du nuage atomique, alors que c’est la seule image qui vous viendrait à l’esprit en ce moment, exact.


On comprend les bévues d’un président Trump, dépassé et pressé d’en finir pour les besoins de sa campagne électorale et qui envoie les gens, comme dit le québécois : manger de la marde … pardon boire du désinfectant (le Lysol).
Même Hollywood qui y perd son latin.
En effet, il faudrait remonter jusqu’avant la création de l’imprimerie par Gutenberg, au 15e siècle, pour se retrouver devant la même situation car depuis … l’homme a toujours su donner un visage même au Mal suprême.
Au risque d’enlever au texte de Homère toute sa dimension poétique, comment oublier la performance de Kirk Douglas, récemment disparu à l’âge de 103 ans, face au cyclope dans l’Odyssée.
Voire au plus invisible des phénomènes (et le seul qui pourrait ressembler à notre Coronavirus) : le souffle mortel envoyé par Jehova à la demande de Moïse, enlevant instantanément la vie à tous les premiers nés égyptiens, cela pour forcer Ramsès à libérer le peuple juif de l’esclavage (c’est un exemple que Dieu peut être plus méchant qu’on nous le dit), et que Cecil B. de Mille trouve quand même moyen de représenter comme un nuage d’une couleur vert-glauque dans Les Dix Commandements.
Mais on a encore fait mieux depuis. L’homme se croyant chaque jour tout permis, totalement invincible. Tantôt plongeant dans le futur sidéral : c’est le Dark Vador (de Star Wars), au cerveau artificiel mais plus vivant que nature, monstre né cependant d’un beau chevalier, tiens personnification du poème de Vigny : Eloa ou la Sœur des Anges ; tandis que vingt ans après c’est plutôt vers le passé médiéval qu’on se tourne soit avec le ‘jeu des trônes’ (Game of Thrones) ; soit encore plus loin, en arrière, avec la première menace de disparition de l’espèce humaine de la planète avec la trilogie ‘Le Seigneur des Anneaux’ adapté d’un déjà vieux roman et que son auteur, J. R. R. Tolkiens avait écrit comme un conte d’enfants. Soit alors qu’il n’y a plus d’enfant, soit c’est nous aujourd’hui qui sommes retournés en enfance.
En tout cas, fini de rire, soudain voici le Covid-19 et le monde occidental, jusqu’ici si triomphant, qui arrive difficilement à cacher sa panique. Trump, malgré tout le côté paysan du Danube, le comprend si bien qu’il est le seul chef d’Etat à refuser de porter le masque. Il est quand même le président de la première puissance économique du monde. Et puis après ? Les Etats-Unis eux-mêmes ont depuis longtemps dépassé le million de contaminés.
Alors que notre président Jovenel Moïse n’a pas hésité à l’exhiber (le masque), il est vrai pour un grand événement : le débarquement du matériel commandé, cependant à prix d’or (18. 6 millions de dollars américains) en Chine, pour la campagne anti-Coronavirus.
Or malgré tout, c’est Haïti qui semble devoir faire la différence.
Pas seulement par le nombre plus restreint de victimes à ce jour : jusqu’à ce samedi 9 mai : 129 cas testés positifs, malgré 21 détectés en une seule journée, la veille, donc attention quand même - et 12 décès à date.
Oui Haïti reste unique, pas seulement au niveau bilan du virus (et espérons que nous sachions nous en tenir là) mais parce que nous sommes peut-être aussi le seul peuple à ne pas avoir trahi, eh oui nos contes, tel que nous les ont légués nos ancêtres.
Nous n’avons pas inventé Hollywood, ni Disneyworld, ni … l’Académie française mais chez nous un conte reste un conte et c’est une histoire racontée par un plus vieux que soi, le soir et que nous recréons oui, mais seulement dans nos rêves la nuit.
Ainsi le diable n’a pas de visage, le diable reste le diable et le Coronavirus n’a pas besoin de couleur ni d’odeur pour être clairement identifié.
D’où la tendance perçue jusqu’ici dans notre peuple au défi traditionnel : ‘Madigra w pa pè w se moun ou ye’. Tu ne me fais pas peur !
Sacrée Haïti.

Marcus - Haïti en Marche, 9 Mai 2020