Ou La Sale Guerre …
MIAMI, 30 Août – Arrêtez le massacre car il en est encore temps.
La journée du lundi 29 août écoulé a peut-être vu s’écrouler la seule stratégie pour arriver à bout du calvaire subi aux mains des gangs armés : le binôme Peuple - Police nationale main dans la main.
La PNH seule force organisée face aux gangs apparemment aussi armés sinon plus, et le peuple dont historiquement les interventions foudroyantes ont toujours su vaincre le péril.
Or le lundi 29 août, la Police a tiré et blessé, et peut-être tué. Pas les gangs, mais sur le peuple.
Pas seulement à la capitale mais en d’autres coins aussi du pays. Par conséquent on a l’impression que des ordres ont été passés d’en-haut.
Certains parlent même d’argent qui aurait été versé pour contrecarrer les manifestations contre la vie chère ainsi que contre la mafia du pétrole (le marché noir désormais à ciel ouvert autour de la rareté de carburant), mais manifestations avant tout contre l’abomination des gangs armés qui enlèvent, tuent ou brûlent leurs victimes tout vivant.
Par conséquent mine de rien, lentement mais sûrement, c’est une autre arithmétique qui se dégage : le lundi 29 août écoulé, la police change son fusil d’épaule et ouvre plutôt le feu contre les manifestants.
Parmi ces derniers, comme d’habitude, se trouvent toujours, il est vrai aussi, des têtes chaudes et des provocateurs … qui ne sont pas toujours ceux qu’on croit !
La prochaine manifestation comme toujours en ces cas-là, promet donc d’être plus sanglante. Avec un mort, puis au lendemain deux. Ainsi de suite.
La police étant d’ailleurs comme toujours mieux entrainée à casser des manifestants qu’à combattre les gangs.
Par conséquent, qui gagne, qui l’emporte ?
Ces derniers, bien sûr.


Dès lors ou l’on pousse le peuple dans les bras des gangs … Ou, j’ose le dire, c’est la dictature. Avec les gangs en coulisses.
Dès lors aussi nous retournons en terrain connu, à une situation qui a souvent été vécue dans notre pays, dans notre Histoire : 1957, l’armée du général Antonio Th. Kébreau avec dans les coulisses Papa Doc ; 1991, le coup d’état Cédras-Michel François ; 2004-2011 cette fois avec la directe participation des forces internationales …
Mais le président américain Joe Biden aurait décidé aujourd’hui de laisser les Haïtiens se débrouiller eux-mêmes, du moins apparemment, oui de nous laisser faire le ‘sale boulot’.
Est-ce ce qui vient de commencer ce lundi 29 août ? Est-ce que la police nationale au lieu des gangs, va prendre le peuple pour cibles ?
Les dernières dépêches se lisent ainsi, prenons celles de AHP (Agence haïtienne de presse) qui n’est pas soupçonnée de mauvaise foi : « Les manifestations se sont poursuivies ce lundi (29 août) dans plusieurs villes du pays notamment à Port-au-Prince, la capitale, Petit-Goave, Miragoane et Jacmel pour continuer de dénoncer la cherté de la vie et la pénurie de carburant qui persistent sur le marché local.
“Dans la cité Faustin Soulouque (Petit-Goave ), un manifestant est mort asphyxié après avoir inhalé du gaz lacrymogène tiré par la police pour disperser les protestataires qui ont lancé des propos hostiles au gouvernement en place.
“La situation était également tendue à Miragoâne après que les forces de l’ordre eurent dispersé à coups de gaz lacrymogènes une manifestation anti-gouvernementale.
“En réaction, les manifestants ont lancé des pierres en direction des policiers et proféré des insultes à leur encontre. Les agents de l’ordre ont également procédé à l’arrestation de cinq manifestants.
“La situation n’était pas différente à Port-au-Prince où deux manifestants ont été blessés après que la police eut fait usage de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes.
“En colère, les manifestants ont tenté d’incendier une pompe à essence au niveau de Lalue. Ils ont accusé les autorités et les propriétaires des stations-service d’être responsables de la rareté de carburant observée dans le pays depuis plusieurs mois.
“lls ont également lancé des rafales de pierres en direction des individus à bord de pick-up qui remplissaient des récipients de carburant destiné à la vente à prix fort sur le marché parallèle.” (Agence Haïtienne de Presse).
Résumons : la police ouvre le feu contre le peuple alors que celui-ci revendique comme on dit ses droits les plus fondamentaux : la fin de la contrebande du carburant ; opposition à un coût de la vie qui ne respecte pas les fluctuations du marché des changes dollar-gourde haïtienne … et surtout les gangs qui kidnappent, tuent et brûlent leurs victimes en plein jour.
Alors que la seule façon d’en sortir c’est comme on disait autrefois le binôme peuple-forces de l’ordre (insistons sur ordre).
Mais où sont nos dirigeants dans tout ça ?
Où est le pouvoir dont le rôle est plutôt d’orchestrer cette rare et aujourd’hui indispensable partition.
On n’ose pas dire que le premier ministre Ariel Henry est responsable de la nouvelle tournure qui menace, ni lui ni son gouvernement, toujours est-il que le pouvoir actuel est disons, totalement opaque. La communication ne passe pas. On ne sait plus vers où ni vers quoi on se dirige. Et c’est grave.
Vous connaissez tous le proverbe : la nature a horreur du vide.
No.1) Les gangs doivent se frotter les mains puisque leur adversaire le plus redouté, le peuple souverain, est écarté.
No.2) Comme toujours la répression a toujours été le meilleur moment pour organiser des élections. Elections sans participation. N’est-ce pas.
Sauf que, attention, la police nationale actuelle n’a les moyens ni de remplacer les forces armées putschistes de 1957 ou de 1991, voire les forces d’occupation internationales.
Donc ça risque d’être … très laid et très triste. La sale guerre !
Cependant vous me direz que jusqu’à présent tout ça n’est que conjectures, suppositions, et qu’on peut espérer que le premier ministre Ariel Henry et son gouvernement (ainsi que leurs conseillers internationaux) … ne vont pas tarder à rectifier le tir.

Marcus Garcia, Haïti en Marche, 30 Août 2022