MIAMI, 5 Juillet – Coup de théâtre, le tribunal d’Istanbul (Turquie) où s’est réfugié l’un des suspects dans l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, l’haïtien-palestinien Samir Handal, a relâché ce dernier pour insuffisance de preuves de la part de l’Etat haïtien.
C’est la police internationale (Interpol) qui procéda à l’arrestation de Samir Nasri Salem Handal sur requête de la justice haïtienne au moment où celui-ci faisait une escale en Turquie en route pour la Palestine.
Après plusieurs mois en prison, l’homme d’affaires auquel il est reproché d’avoir fourni en Haïti les appartements qui abriteront des anciens militaires colombiens qui joueront le rôle d’exécutant dans l’assassinat, se voit innocenté de tout.
Principal argument : il ne savait pas que ses locataires avaient un tel projet.
D’un côté.
De l’autre, les troubles politiques et l’insécurité qui font rage en Haïti, signifieraient la condamnation à mort certaine du prévenu des fois qu’il serait renvoyé en Haïti.
Ce sont les arguments principaux de la défense. Sur ce, la 37e Haute Cour Pénale d’Istanbul déclare la remise en liberté. Samir Handal est déclaré non coupable.
Un dernier argument utilisé par la défense : Haïti n’a ‘pas su fournir les pièces révélant l’implication de Samir Handal dans les faits qui lui sont reprochés.’
Or justement où trouver les pièces aujourd’hui que le Palais de Justice (tribunaux, parquet etc.)., bref que la justice haïtienne est l’otage des gangs armés ?
Si le juge d’Istanbul avait une précision à obtenir, où s’adresser ?
Le siège principal de la justice d’Haïti est aux mains de gangs depuis bientôt un mois sans que rien n’ait été fait pour l’en sortir, pense-t-on que cela soit concevable dans aucun autre pays ?


Or la République fonctionne comme si de rien n’était. Ministres et fonctionnaires vont à leur bureau et le chef du gouvernement est en voyage officiel à l’étranger.
Et on voudrait que les étrangers ne voient pas la différence. Non la justice turque a fait comme si Haïti, en effet, n’existe pas ! C’est tout.
D’ailleurs qui représentait la justice haïtienne au procès de Samir Handal ?
Il est à parier que les responsables haïtiens ont appris l’information comme nous, comme tout un chacun après le prononcé du verdict lundi.
Par conséquent, attendons que cela ne soit pas tellement différent lors du procès des trois autres suspects actuellement détenus aux Etats-Unis.
L’ancien militaire colombien Mario Antonio Palacios y Palacios, l’ex-sénateur haïtien John Joel Joseph et un ex-trafiquant de drogue également indicateur de la DEA, Rodolph Jaar.
A moins qu’entre-temps le Palais de justice soit récupéré des mains de la bande à ‘Izo 5 sekonn’, le tribunal criminel de Miami lui non plus n’a nulle part où s’adresser pour contrôler une information.
Parce que la justice n’est pas une simple vue de l’esprit comme on semble le considérer actuellement dans notre pays, elle se battit comme toute chose à partir de vérités et contre-vérités et toujours sur des données concrètes.
Or où trouver ces dernières quand les institutions judiciaires ont disparu subitement aux mains de bandes criminelles aux ordres on ne sait de qui, et que l’Etat comme tout un chacun se contente de constater !
Mais ce n’est pas tout. Que font à ce sujet les ex-fidèles et tant zélés serviteurs du célèbre et malheureux disparu ?
Que dit la veuve qui est la seule personne à avoir vu de ses yeux vus les assassins quand ils ont exécuté son mari ?
Et qui devrait pouvoir beaucoup nous apprendre sur ces derniers quand tous les suspects se défilent les uns après les autres et qu’il faudrait croire que le président a été frappé simplement … par la foudre !
Comme quoi tuer un chef de l’Etat est plus facile que pour aucun d’entre nous.
La nuit du 6 au 7 juillet, on dit que Jovenel Moïse a eu le temps de passer plusieurs appels au secours mais personne qui soit venu. Alors que une fois le régicide consommé, les fanatiques se bousculent. Les nouvelles formations politiques à son nom, également.
Nous voici à une année de l’assassinat (7 juillet) et pendant que les suspects s’en sortent les uns après les autres (d’abord l’haïtiano-palestinien Samir Handal libéré par la Turquie pour insuffisance de preuves) en profitant des faiblesses mêmes de la machine judiciaire haïtienne - ce qui met par conséquent en danger ceux qui sont encore dans les prisons haïtiennes et dont on peut ne pas savoir comment s’en débarrasser d’eux aussi, attention attention …
Que font entre-temps les si fidèles serviteurs du défunt ?
Alors que seuls eux qui devraient être en mesure de reconstituer comme dans les romans d’Agatha Christie la réunion in fine de tous les personnages impliqués et dans des circonstances les plus proches que possible de celles ayant débouché sur le meurtre, cela pour avoir vécu au plus près les derniers instants du héros !
Oui héros.
Sauf que chez nous on les préfère morts nos héros.
Et dans un bel encadrement dès qu’on pénètre au bureau ou en couverture d’un nouveau site internet.
Les accusations à tort et à travers contre x ou y ne sont qu’une autre forme … de trahison.
Comme pour se laver de n’avoir pas été présent au moment fatidique.
Or c’est comme ça depuis toujours.
Depuis le 17 octobre 1806 !

Marcus Garcia, Haïti en Marche, 5 Juillet 2022