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- Croix-des-Bouquets, jeudi 14 avril 2022- Alors que le gang ‘‘400 Mawozo’’ multiplie les menaces pour attaquer la prison civile de la Croix-des-Bouquets, les conditions de détention continuent d’être alarmantes dans ce centre carcéral.


Dans une lettre ouverte adressée au directeur de l’administration pénitentiaire (DAP), Pierre René François, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) met l’accent sur la désorganisation de la sécurité du bâtiment et des détenus, la garde des détenus, leur alimentation, la gestion inefficace de l’infirmerie engendrent des inquiétudes tant du côté des responsables de la prison que de celui des détenus qui risquent à tout moment d’en faire usage pour se soulever et/ou s’évader.
Le RNDDH souligne que la prison fait face a un sérieux problème d’effectifs. L’organisation déplore que, ‘‘malgré les menaces répétées du gang armé des 400 Mawozo de s’en prendre à la prison civile de la Croix-des-Bouquets et de faciliter l’évasion des détenus, l’effectif des agents-tes n’a pas été révisé à la hausse.’’
Au contraire, poursuit la correspondance, le 12 avril 2022, le RNDDH a été choqué de constater que l’effectif déjà insuffisant, a été réduit de moitié, de nombreux agents affectés à ladite prison ayant décidé de ne plus reprendre leur poste, en raison du manque de matériels de fonctionnement.
« A cause de cette insuffisance d’agents, même la réception de nourriture et des colis est depuis quelque temps assurée par des détenus eux-mêmes, sans rigueur aucune dans les vérifications des plats et des objets qui entrent dans l’espace de détention », écrit le RNDDH qui rappelle que, généralement, c’est ainsi que des armes, de la marijuana, des téléphones portables ainsi que d’autres objets illicites et non autorisés entrent dans la prison.
Le RNDDH déplore également que, contrairement aux articles 35 et 42 des Règlements Internes des Etablissements Pénitentiaires, les détenus sont gardés toute la journée en cellule. Ils ne sortent plus pour leur bain.
Lors des activités judiciaires, les détenus ne se baignent pas avant de se présenter au tribunal, souligne l’organisation, précisant que l’article 35 des Règlements susmentionnés précise qu’« Ils doivent avoir accès à des installations de douche deux fois par jour » et l’article 42 affirme que « sauf circonstances exceptionnelles et dans la mesure où les installations et équipements de l’établissement le permettent, le détenu doit pouvoir bénéficier par jour au minimum de 6 heures de temps en dehors de sa cellule, incluant l’accès aux douches, le temps de repas en réfectoire le plein air et les activités en salle.
Dans cette prison qui n’est pas alimentée en énergie électrique, le RNDDH indique que, alors que les règlements exigent que « Tout détenu a droit à un repas équilibré au moins deux fois par jour », à la prison civile de la Croix-des-Bouquets, un seul repas est offert, parfois même après 17 heures.’’
Selon l’organisation, l’infirmerie de la prison, non alimentée en médicaments et ne disposant pas de matériels de fonctionnement, n’est d’aucune utilité pour les détenus malades, en dépit de la présence régulière des infirmiers et médecins, totalement impuissants face à cette situation.
Le RNDDH estime que les conditions infrahumaines dans lesquelles les détenus (1.046) sont maintenus, peuvent être utilisées comme prétexte à un soulèvement, à une mutinerie ou même à une évasion.
Vue que nombre de ces détenus sont indexés dans la perpétration d’actes de grande criminalité, le RNDDH invite les responsables à prendre au sérieux les menaces d’attaques de la prison et d’évasion proférées respectivement par les membres du gang armé des 400 Mawozo et par les détenus eux-mêmes.
L’organisation appelle Pierre René François a passer des instructions en vue d’affecter sans délai à la prison civile de la Croix-des-Bouquets, un nombre suffisant d’agents-tes, proportionnel au nombre de détenus qui y sont incarcérés ; d’assurer aux détenus l’accès en plein air chaque jour, pendant au moins une (1) heure de temps ; de fournir au détenu un repas équilibré, respectant le menu de la DAP; de permettre aux détenus de se baigner chaque jour et de fournir aux agents-tes de la DAP le matériel adéquat pour garder les détenus ; réviser à la hausse les frais mensuels pour l’achat du carburant ; compléter le système solaire de la prison.