Jacmel ville ouverte, ville modèle !

MIAMI, 16 Février – Jacmel ville ouverte, ville modèle ! Le carnaval de Jacmel est une leçon à plus d’un titre. Ce qu’est, toutes proportions gardées, un carnaval de Venise. C’est-à-dire le lieu déterminant aussi bien la personnalité que l’avenir d’une ville. A la fois son image, son économie, son originalité entre toutes, bref son histoire.

Le masque le plus populaire est le Juif errant ou ‘Yawe’. Son nom le dit bien. Immortel et impersonnel. En tout temps et en tout lieu. De fait Jacmel rappelle par son architecture aux traits historiques marqués, autant Hambourg (Allemagne) que San Francisco (Californie), Nouvelle Orléans (Louisiane) ou Valparaiso (Chili) et peut-être aussi d’autres villes emblématiques.

Restons pour aujourd’hui au carnaval car c’est toute l’existence du chef-lieu du département du sud-est d’Haïti dont celui-ci est l’émanation, le point central. L’alpha et l’oméga. Symbolisant le passé, le présent et espérons aussi l’avenir.
Et c’est ce dimanche 20 février 2022 que se célèbre le carnaval de Jacmel. Evénement d’abord incontournable. Bien mal en prit à un pouvoir qui une année a crû pouvoir priver la ville de financement public. Il apprit à ses dépens que Jacmel n’a pas besoin de l’aumône de Port-au-

Prince, alors gare à vous.

Jacmel fière ?

Depuis la guerre du Sud (1801). Envoyé par le gouverneur général Toussaint Louverture pour mâter la résistance, le futur empereur Dessalines en profita (du moins on présume) pour initier avec le défenseur de la ville qui était lors le mulâtre Alexandre Pétion, la conception de leur futur accord qui aboutira à l’indépendance nationale trois années plus tard.

En un mot, toute une vie, toute une ville, et qui en vit !

Jacmel peut-être la seule ville de notre pays où l’histoire se conjugue encore au présent. Et, sans conteste, par la grâce du carnaval.
Car cela commence sur les bancs de l’école. Contrairement à partout ailleurs en Haïti (et peut-être aussi dans le monde entier), le carnaval ici se prépare une année à l’avance. Et aux bons soins des … enfants de la ville. Résultat : un carnaval qui tout en étant attaché à ses origines les plus lointaines, n’en reste pas moins éternellement créatif, novateur, toujours jeune. Une fois celui de cette année achevée que les enfants et les artistes, futurs artistes, et déjà artistes eux-mêmes mettent aussitôt la main à la pâte pour l’année suivante.

Ce qui fait que le carnaval est ici et uniquement ici, facteur à la fois culturel, éducatif, et … économique.

En un mot, toute une vie, toute une ville, et qui en vit !

Jacmel ville ouverte, ville modèle !

Et pas seulement pour Haïti, les emprunts faits chez nous par le carnaval de la Nouvelle Orléans (Louisiane) sont connus. Evidents. Et on peut en être fier.

Ce dimanche donc avec défilant en tête les ateliers d’enfants artistes premiers créateurs de ces masques qui ont un tel succès, vous allez avoir l’occasion de constater comment Haïti est encore facteur de civilisation et de richesses, même malgré nous ( ! ), avec le carnaval jacmélien influençant les arts sous toutes les formes (arts plastiques, musique, danse et aujourd’hui leur équivalent numérique), une école des beaux arts à ciel ouvert et à tous les coins de rue, comment le tourisme n’en ferait-il pas un carrefour international ?

Tous les maux dont souffre principalement aujourd’hui notre pays ont ici leur réponse : d’abord l’éducation, qui en général ne motive plus ; l’économie à la recherche d’un choix oui motivant et qui fasse vivre le plus grand nombre possible ; les dissensions sociales mais qui, une fois retenti le premier coup de tambour, disparaissent soudain comme par magie.

Jacmel ville ouverte, et plus sûrement encore ville modèle pour une Haïti … qui s’en va dans un sens tout à fait opposé, hélas.

Donc comme on dit : ce 20 février à ne pas rater, sous aucun prétexte !

Marcus Garcia – Haïti en Marche ; Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince