RNDDH
Une vraiment grave accusation!
RHI-news - Port-au-Prince, dimanche 16 janvier 2022- Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a révélé que le magistrat Garry Orélien se sert du dossier de l’assassinat de Jovenel Moïse dont il a la charge de l’instruction, pour faire chanter et rançonner certains suspects dans cette affaire.


Selon Pierre Espérance, directeur exécutif du RNDDH, le juge aurait réclamé jusqu’à cinquante mille (50,000) dollars américains de certains suspects auditionnés dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de Jovenel Moïse afin de les libérer.
Le défenseur des droits de l’homme a affirmé, dans une interview a RHINEWS, qu’au moins un des policiers arrêtés respectivement le 15 juillet et le 24 septembre 2021 dans le cadre de l’instruction puis libérés le 3 janvier 2022, a dû verser une rançon de vingt-cinq mille (25.000) dollars américains au magistrat instructeur et à son greffier.
Les proches du policier dont l’identité n’a pas été révélée, ont dû collecter des fonds auprès de proches et d’amis pour atteindre la somme exigée afin de recouvrer sa liberté, a souligné M. Espérance qui souhaite que le conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) se saisisse du dossier et prenne les mesures que de droit dans le cadre de ce scandale.
Jacques Sincère, Cicéron Cerdernier, Edy Amazan et Wilner Cangé sont les policiers qui ont bénéficié de la décision de mise en liberté provisoire du juge Garry Orélien.
D’autres personnes ayant fait l’objet de mandats d’amener émis par le parquet de Port-au-Prince pour leur implication présumée dans le meurtre de Jovenel Moïse, ont également été approchées pour fournir de l’argent afin d’être auditionnées puis libérées.
Déplorant que l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse soit au point mort, Pierre Espérance a souligné que le magistrat Garry Orélien et son greffier Elysée Cadet intimident et menacent des personnes indexées dans ce dossier pour avoir à un moment ou à un autre entretenu un lien, aussi ténu qu’il fût, avec les assassins de Jovenel Moïse.
C’est le cas par exemple de ‘‘RJ Rent a Car,’’ une entreprise de location de véhicules, copropriété de Oly Damus où le 21 juin 2021, Joseph Félix Badio, un des suspects clés dans l’assassinat de Jovenel Moïse, a loué quatre (4) véhicules.
Selon le RNDDH, après l’assassinat de Jovenel Moïse, deux (2) des véhicules en question ont été confisqués par la DCPJ. Ils n’ont jamais été remis à l’entreprise en dépit d’une décision en référés rendue le 15 novembre 2021 par le Tribunal civil de Port-au-Prince, selon le militant des droits de l’homme.
Le 6 décembre 2021, Oly Damus a affirmé avoir appris à la radio qu’un mandat d’amener et une interdiction de départ avaient été émis à son encontre par le magistrat instructeur Garry Orélien, suite à un mandat d’invitation datant du 22 novembre 2021 qui lui aurait été acheminé, et auquel il n’aurait pas donné suite.
Cependant, Oly Damus n’avait jamais reçu d’invitation, selon le RNDDH. Le même jour, précise l’organisation, Damus en a informé ses avocats qui se sont empressés de prendre contact avec le magistrat instructeur Garry Orélien. Le 8 décembre 2021, l’un de ses avocats a été contacté par le greffier du magistrat, Elysée Cadet. Ce dernier a sollicité une rencontre avec l’entreprise ‘‘RJ Rent a Car.’’
A l’issue de la rencontre, Elysée Cadet qui a toujours affirmé intervenir avec la bénédiction de son magistrat, a continué à échanger avec Oly Damus par message WhatsApp, envoyant copie de son permis de conduire, pour que le transfert du véhicule soit fait en son nom, exigeant des informations sur les marques des véhicules de l’entreprise, fournissant des spécifications sur le type de véhicule qu’il veut avoir et menaçant d’arrêter Oly Damus si ce dernier ne donnait suite rapidement à ses exigences, selon un document du RNDDH.
Pierre Espérance s’est réjoui que plusieurs suspects clés dans l’assassinat du président Moïse dont Rodolphe Jaar, Mario Antonio Palacios et John Joël Joseph, aient été arrêtés.
Selon M. Espérance, c’est un bon pas dans la bonne direction d’autant que la justice américaine s’intéresse de plus en plus du dossier, arguant que toutes les personnes jugées aux Etats-Unis devraient être remises a la justice haïtienne après avoir purgé leur peine si elles sont condamnées, afin d’être jugées en Haïti, là où le crime a été commis.
Il a affirmé qu’avec cette série d’arrestation l’enquête sur l’affaire Moïse a été relancée même si elle bloquée par les autorités haïtiennes au niveau de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et de la justice.
Les autorités haïtiennes ont bloqué l’enquête pour être de tout repos, a poursuivi Pierre Espérance, mais les données commencent à changer et cela sème de la panique dans leur camp. Selon lui, des suspects arrêtés seraient prêts à collaborer avec la justice américaine.
Cependant, il a dit craindre que Joseph Félix Badio l’un des coordonnateurs de l’assassinat qui était sous protection des plus hautes autorités jusqu’au mois de novembre et qui avait rencontré l’actuel premier ministre Ariel Henry, ne soit pas liquidé afin qu’il ne parle pas.
Pierre Espérance a souhaité qu’il soit capturé vivant pour qu’il puisse aider à faire émerger la vérité dans le cadre de l’assassinat de Jovenel Moïse.