Quand le New York Times met à côté !

MIAMI, 11 Janvier – Bien sûr comme disait la devise d’un ancien journal haïtien, ‘si le New York Times le dit c’est vrai’. Et beaucoup sont prêts à le croire.
Le seul ennui est que les sources du New York Times cette fois ne sont pas crédibles.

Particulièrement dans son dernier article sur l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse le 7 juillet 2021.

Le principal informateur du New York Times n’est autre qu’un trafiquant de drogue connu et un récidiviste, M. Rodolphe Jaar. Trois ans dans les prisons américaines, pour après sa libération devenir un ‘informant’ ou indic (espion) pour la DEA (police américaine anti-drogue), puis pour tromper la DEA elle-même en gardant par devers soi une partie d’un chargement, etc.

Voici la seule référence des révélations jugées ‘fracassantes’ par tout un chacun, pour l’article paru le lundi 10 janvier écoulé dans le plus célèbre quotidien des Etats-Unis, le New York Times.

Plus qu’un trafiquant notoire, un ‘faux jeton’ et jusque envers la DEA puisque en même temps qu’espionnant pour celle-ci, il n’hésite pas à la trahir.

Comme disait l’autre : ‘Prendriez-vous cet homme en auto-stop dans votre voiture avec vos enfants ?’

Loin de nous l’intention d’entrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire savoir si le premier ministre de facto Ariel Henry a protégé ou pas celui qui est présenté, en ce moment, comme ayant été le principal coordonnateur de l’assassinat du président Jovenel Moïse, M. Joseph Félix Badio, actuellement dans le maquis …

Cependant nous ne pouvons accepter que le sort de notre pays soit traité à cet unique niveau des poubelles (c’est trop donner raison à l’ex-président Donald Trump et son ‘shit-hole’ !), parce que le New York Times, même voulant utiliser les ‘tuyaux’ comme on dit ou informations provenant d’une ‘source spéciale’, en l’occurrence Rodolphe Jaar (dont le journal connait parfaitement la carrière assez particulière), il aurait fallu contrebalancer avec des précisions de citoyens responsables ou mieux encore, honorables car, voyez-vous, il devrait quand même en exister encore quelques-uns, si ce n’est dans notre pays, en diaspora.

L’article du New York Times par conséquent ne correspond pas à ce qu’on apprend dans les écoles de journalisme aux Etats-Unis, un journal pourtant qui collectionne les Pulitzer de la presse.

Car qui se ressemble, s’assemble. Si les questions les plus graves d’un pays, comme l’est l’assassinat d’un président d’Haïti après plus d’un siècle (le dernier c’était en 1915) doivent être traitées au niveau ‘de la charogne’ (pour reprendre un mot de Me. Gérard Gourgue lors du procès en Haïti contre l’ex-dictateur Baby Doc), si c’est là le seul exemple donné à la jeunesse de ce pays, alors pourquoi pas les gangs, pourquoi pas la généralisation des gangs si c’est là l’exemple de crédibilité qu’on donne à cette jeunesse.
En effet, qui se ressemble, s’assemble !

Bien sûr on connait la musique. Le New York Times, comme on dit dans le métier, a voulu ‘faire un coup’.

Un coup fumant. Mais quelle odeur !

Oui, il y va de l’avenir de toute une nation.

Reprenons un peu l’article paru ce lundi 10 Janvier 2022. D’abord le titre ne laisse aucun doute chez le lecteur. ‘Le premier ministre haïtien avait des liens étroits avec le principal suspect dans l’assassinat’ du président Jovenel Moïse.

‘Et que les deux (le PM Ariel Henry et Joseph Félix Badio) sont restés en contact après le crime.’

On continue : ‘Ariel Henry devient chef du gouvernement, responsable de trainer les assassins en justice et de panser les plaies du pays.’

Mais venons-en au fait. ‘Des preuves d’appels téléphoniques obtenues par le New York Times ainsi que des interviews avec des officiels haïtiens et un principal suspect (probablement Rodolphe Jaar) révèlent des détails incriminant les relations entre les deux hommes’.

Soulignons : ‘incriminant’, par conséquent, le New York Times se fait comme on dit à la fois ‘juge et partie.’

Ainsi ‘Mr Badio a parlé à Dr. Ariel Henry avant l’assassinat ainsi que après, « dont deux appels pour une durée totale de 7 minutes le matin après l’assassinat. »’

Ensuite ‘4 mois après l’assassinat, Mr. Badio s’est rendu à la résidence officielle du premier ministre Henry deux fois – et pendant la nuit – sans se voir empêché par la sécurité officielle alors qu’il est recherché par la police.’
Etc.

Toute cette longue introduction c’est pour arriver (enfin !) à l’interview avec Rodolphe Jaar.

Mais c’est aussi pour constater que le New York Times ne mentionne aucune autre source nommément ... Seulement des insinuations … Du genre ‘trois officiels haïtiens impliqués dans l’investigation ont confirmé que M. Henry a maintenu les contacts avec Badio en de multiples occasions’ … Mais qui, que, quoi, dont, où ?

Pour toute réponse : ‘Les officiels en question, qui ne sont pas autorisés à discuter du cas publiquement, ont indiqué que Ariel Henry aurait dû être investigué s’il n’était pas chef du gouvernement.’

Mais tout cela sous le manteau, des déclarations non reconnues par personne, comment alors ne pas penser que la seule source s’appelle M. Jaar ?

Ainsi donc le New York Times n’a qu’une seule source avouable et pour un article aussi important, concernant une accusation aussi grave et lourde de conséquences, de plus qui est traité par la presse surtout en Haïti comme parole d’Evangile …

Et cette unique source c’est notre condamné pour trafic de drogue, puis agent de la DEA puis n’hésitant pas à tromper jusqu’à la DEA elle-même …

Et qui encore, tenez-vous bien, à la question : pourquoi avez-vous participé également au complot d’assassinat du président ? Réponse : c’est parce qu’on lui avait dit que c’était avec l’accord du gouvernement américain.

Oui mesdames messieurs !

Bien entendu cela fait rire le gouvernement américain qui lui ne sait que trop bien avec qui il a affaire !

Quant aux liens éventuels du premier ministre Ariel Henry avec l’assassinat du président Jovenel Moïse, on attend de savoir.

On attend toujours de savoir car c’est bien sûr important pour le sort futur de notre pays. ‘Ki a fou, foura’ dit le proverbe haïtien.

Mais on attend aussi de savoir qu’est-ce encore que le président Jovenel Moïse avait fait ou n’avait pas fait pour lui mériter un tel sort ?

Le New York Times ne commence-t-il pas lui-même son article par ces mots : ‘Le président Jovenel Moïse qui a été assassiné le 7 juillet 2021, dirigeait Haïti par décrets et en était venu à des tactiques autoritaristes.’

Mais le plus grave voire chez des professionnels comme sont reconnus pour l’être les journalistes du New York Times, c’est d’oser jouer le sort de toute une nation sur des déclarations évidemment intéressées puisque d’un individu reconnu comme non seulement un trafiquant notoire mais dont la parole n’a aucune valeur … Demandez à la DEA !

Oui il existe encore quelques-uns en Haïti capables de commenter avec justesse, sincérité et aussi un certain sens de l’Histoire même la triste réalité qui est aujourd’hui la nôtre.

A moins que le New York Times chercherait plutôt à nous enfoncer davantage … dans le ‘shit-hole’.

En fin de compte disons que ce n’est pas un article de presse que plutôt un tract.

Marcus Garcia, Haïti en Marche, 11 Janvier 2022