MIAMI, 14 août – La seule différence avec le 12 janvier 2010 c’est qu’on est plus vite renseigné. Grâce bien entendu à l’internet et un service de communications qui couvre tout le pays. Merci principalement à Digicel et Natcom. Sinon et plus encore que lors du mémorable tremblement de terre qui a détruit la capitale haïtienne le 12 janvier 2010 (avec un bilan de pas moins de 250.000 morts), celui qui a frappé ce samedi 14 août le Sud du pays laisse une population sans défense, abandonnée à elle-même, sans secours de la part du pouvoir central.
La ville des Cayes, chef-lieu du département du Sud, est en proie à une panique totale. La population s’enfuyant dans tous les sens. La cathédrale des Cayes a son toit éventré, pas une construction en ville ne semble épargnée.
L’hôtel ‘Le Manguier’ a pratiquement disparu de la carte. On rapporte que son propriétaire, l’ex-maire des Cayes, Gabriel Fortuné, a trouvé la mort.
Ce dimanche c’est la 15 Août, Fête de l’Assomption, Patronne de la ville des Cayes, et il y a beaucoup de touristes, dont des compatriotes de la Diaspora. On craint un grand nombre de victimes.
Le séisme a frappé aussi les départements des Nippes ainsi que de la Grande Anse, chef-lieu Jérémie, mais jusqu’à la mi-journée (le tremblement de terre a été enregistré à 8 heures 29 a.m.) on n’avait pas autant de renseignements que pour les Cayes. Quoi qu’il en soit la ville des Baradères, appelée la Venise d’Haïti, a vu son église détruite tandis que le petit hôpital ne désemplissait pas de blessés.
L’épicentre a été localisé en mer en face de Petit Trou de Nippes, à une magnitude de 7.0, ce qui a fait craindre un tsunami. Mais le plus frappé reste apparemment le département du Sud, chef-lieu la ville des Cayes, celle-ci abritant une population de près de 126.000 habitants.
A Port-au-Prince la terre a tremblé fortement aussi ce samedi, provoquant un début de panique mais plus en raison du terrible souvenir du 12 janvier 2010. La capitale haïtienne avait payé lors un lourd tribut, plus de la moitié de la ville réduite en miettes, et des dizaines de milliers sous les décombres, mais cela plus du fait de constructions mal réfléchies et surtout de la surpopulation (pas moins de 3 millions d’habitants pour une population totale de 11 millions) que de la violence du phénomène. En effet ce nouveau séisme pourrait bien être d’une magnitude supérieure à celle du 12 janvier 2010, on parle de 7.2 sur l’échelle de Richter.
Jacmel (Sud-Est) a également ressenti les secousses mais sans apparemment de dégâts. Sinon les détenus de la prison qui ont voulu en profiter pour tenter de s’évader. En vain.


Les autres pays alentour concernés sont Cuba, la République dominicaine bien sûr, Bahamas, Jamaïque, Porto-Rico, les Turks and Caicos et aussi le Sud des Etats-Unis parce qu’il ne s’agit pas d’un phénomène local mais d’un phénomène concernant toute cette région géographique, principalement « la faille Septentrionale et la faille Enriquillo Plantain Garden, deux failles de direction plus ou moins Est-Ouest qui traversent respectivement au Nord et au Sud le territoire national (‘Unité Technique de Sismologie d’Haïti’). D’après cette dernière l’activité sismique en Haïti montrait une hausse de 35% en février 2021.
Mais cette nouvelle catastrophe touche Haïti alors qu’elle se bat pour sortir d’une autre : la crise politique qui a rebondi avec l’assassinat le 7 juillet écoulé du président en poste, Jovenel Moïse.
Et l’état d’insécurité maximum dans lequel ce dernier a laissé le pays, avec des bandes armées occupant tous les 9 départements géographiques et spécialement ceux de ces gangs qui bloquent l’entrée Sud de Port-au-Prince (communément appelée Martissant) empêchant aujourd’hui la sortie de toute aide vers les endroits les plus touchés par le séisme de ce samedi, dont principalement les Cayes.
Par où va passer l’aide internationale qui doit arriver incessamment pour aider les populations du Sud, des Nippes et de la Grande Anse tant que la sortie de la capitale sera aux mains des gangs de Grand Ravine, Ti Bois et autres ?
Voici le premier ministre Dr Ariel Henry faisant face à son premier vrai défi.

Marcus Garcia, 14 Août 2021