"A quoi sert un président ou un gouvernement incapable de stopper le train de la mort", demande la CHR à Jovenel Moïse
La Conférence haïtienne des religieux-ses (CHR) se montre une fois de plus préoccupée par la situation insoutenable du pays. Dans une lettre adressée à Jovenel Moïse, elle réitère sa volonté de soutenir les revendications du peuple haïtien, et de demander à ce dernier de respecter la constitution haïtienne.

"Aujourd'hui encore le tableau ne fait que s'assombrir. Aucune décision sérieuse n'a été prise pour alléger les souffrances du peuple ni pour le protéger les assauts de tous bors. La seule chose qui semble vous intéresser c'est de boucler à tous prix un soi-disant mandat au grand mépris des revendications ô combien légitimes de tout un peuple", lit-on dans cette correspondance de la Conférence haïtienne des religieux-ses, datée du lundi 8 mars 2021.
Dans cette lettre, la conférence, face à son entêtement à rester au pouvoir, questionne le président sur son insouciance. "L'on se demande perplexe : à quoi sert-il de s'accrocher au pouvoir de façon même illégitime ou illégale quand plus de la moitié de sa population vit dans l'insécurité alimentaire chronique? Pourquoi vouloir à tout prix prolonger ou terminer un semblant de mandat sans pouvoir garantir la sécurité des vies et des biens, la libre circulation de personnes? À quoi sert un président ou un gouvernement incapable de stopper le train de la mort qui sème le deuil au sein de la population au quotidien?", interroge la CHR.
Les religieux, grands témoins des douleurs du peuple haïtien
"M. Moïse, comme religieux et religieuses, intervenant dans tous les domaines de la vie du peuple et les endroits les plus reculés et difficile du pays ou l'État, soit par manque de moyens, par incompétence, ou par mauvaise foi, n'arrive pas ni ne manifeste l'intention d'y aller, nous sommes les témoins privilégiés de la misère de notre peuple. Vous semblez malheureusement ignorer cette misère", a avancé la Conférence avant de faire allusion aux propos du pape Saint Jean Paul II, sur la misère du peuple haïtien: "en cette date qui nous rappelle le 38e anniversaire de la visite du pape Saint Jean Paul II, (nous) vous rappelons ces mots célèbres de l'église en Haïti d'alors et repris à son compte dans son homélie de circonstance : "il faut que quelque chose change ici, et que les pauvres de toute sorte se reprennent à espérer ! " ".
Selon la Conférence, la situation du pays s'est empirée
"Trente-huit longues années après, les germes de mort semblent l'emporter sur les germes de vie. Le pays se meurt, la population est aux abois, l'insécurité est galopante, les plus pauvres n'en peuvent plus, la population est dans un désarroi qui frise le désespoir, le pays n'est plus dirigé. Nous sommes à la fois temoins et victimes de trop de crimes, trop d'injustice et d'inégalités".
Face à cet état de fait, la conférence appelle Jovenel Moïse, une seconde fois, à entendre la raison et à jeter l'éponge. "Face au constant processus de déshumanisation de tout un peuple, vous ne saurez être un spectateur de plus. Au-delà des mensonges légendaires et des justifications grossières, votre responsabilité dans cette descente aux enfers est entière et vous avez le droit de donner des réponses célères et concrètes aux demandes du peuple, "dont la première consiste à respecter les lois de ce beau pays" ".
Ainsi, la conférence attire encore une fois l'attention de Jovenel Moïse sur son dernier constat, en date du 2 février 2021, qui nécessite une réponse rapide et appropriée. "le pays est au bord de l'explosion; le quotidien du peuple, c'est la mort, les assassinats, l'impunité, l'insécurité. Le mécontentement est partout, dans presque tous les domaines. Beaucoup de sujets fâchent, comme la manière d'établir un conseil électoral provisoire, la manière de rédiger une autre constitution, etc. Donc, ce ne sont pas uniquement les ravages di kidnapping, qui rendent le pays totalement invivable", rappelle la CHR qui invite Jovenel Moïse à suivre "les mêmes principes constitutionnels (qu'il avait) appliqués pour les députés et les sénateurs.