Une école s’effondre.
Les enfants restent prisonniers à l’intérieur des salles de classe.

Telle est la nouvelle catastrophe qui s’est abattue sur le pays ce vendredi 7 Novembre . Il est 10h30 du matin. La cloche de la récréation sonne. Les enfants montent à l’étage, au 5ème étage pour jouer au basket.
C’est la joie à l’intérieur. Mais soudain c’est l’effroi : Le toit de la bâtisse s’effondre et comme un jeu de cartes, les étages s’affaissent les uns sur les autres.
On entend d’abord des cris… puis plus rien.
Les enfants sont prisonniers à l’intérieur. Certains ont du mourir sur le coup, ayant reçu une dalle de ciment sur la tête. D’autres sont grogi…
Tout en bas, c’est le Kindergarden. Dans la cave.
Aucune issue possible.
Prisonniers, ils le sont tous.
La première stupeur passée, des gens commencent à affluer. Des gens du quartier, des voisins qui tentent, les mains nues de faire quelque chose.
Mais que faire ?
Armés de pioches, de pelles, ils essayent de dégager la toiture.
Mais cela peut s’avérer dangereux. Cela risque de tout faire dégringoler.
En effet tout au long de la journée, la PNH, la MINUSTAH s’efforce de faire comprendre aux volontaires qu’en voulant ainsi aider , ils risquent de provoquer une catastrophe encore plus grande.
Mais les premiers arrivés ont été le voisinage. Et ils apportent tout ce qu’ils peuvent. Une génératrice, des projecteurs, comme ce Cyber café du voisinage qui a été l’n des premiers à réagir.
La PNH a beaucoup de mal à se frayer un passage, tellement les curieux sont avides de nouvelles.
Les parents, eux, restent au loin. On leur empêchent l’accès de la zone. Ils sont donc massés au long de l’Avenue Pan américaine, à l’entrée de Nerrette. Des gémissements quand ce ne sont pas des cris qui s’échappent de leurs poitrines. Le plus dur c’est cette incertitude. Est-ce que mon enfant est encore vivant ?
Les volontaires aux mains nues pratiquement grattent la toiture. Au bout de plusieurs heures commencent à sortir les premiers prisonniers des décombres.
Quand il est vivant les gens applaudissent. Bravo ! Bravo s’écrie Marcus quand il se rend compte que ce jeune garçon transporté sur une civière a relevé la tête l’air égaré, il est vrai, mais vivant, bien vivant. On cours avec lui, parce que pas moyen pour l’ambulance de descendre cette pente, et de se garer devant ce qu’on appelle l’Ecole du Pasteur Fontin, cette construction tout au fond de l’Impasse Narcisse et qui a reçu le nom de Collège Promesse Evangélique et qui reçoit les enfants du jardin d’enfant à la Philo, c’est du moins ce que l’on lit sur la pancarte.
L’effectif est au max. Et chaque année, il construit une nouvelle Pyès Kay qui devient une salle de classe. Les parents sont satisfaits du service. Si vous placez 5 enfants au Collège, le Pasteur vous donne deux bourses et puis, chacun reçoit de temps en temps un Sac Manje. Quand on est une petite bourse, c’est appréciable et on ne regarde même pas la précarité de la construction. On ne pense pas aux sorties de secours inexistantes, au seul escalier d’accès aux salles de classe de l’étage ou bien aux fenêtres manquantes. Oui aucune ouverture. Des claustra ont été installés d’un bout à l’autre de la construction.
Nous sommes parmi les premiers sur les lieux. Et nous ne pouvons que constater l’impuissance de tous devant une telle catastrophe.
Mais comme pour galvaniser les spectateurs, on entend les cris des petits à l’intérieur ceux qui sont dans la cave. Il faut faire vite par ils risquent de recevoir toute la bâtisse sur le crâne. Mais comment faire vite ?
Le Premier Ministre haïtien, Madame Michèle Duvivier Pierre-Louis arrive vers les 3 heures. Elle parcourt à pied le chemin menant au collège Promesse Evangélique. Elle pénètre dans son enceinte.
A sa sortie, elle donne un point de presse.
Il y a beaucoup d’enfants prisonniers à l’intérieur, dira t-elle. Nous n’avons pas l’équipement nécessaire pour les dégager. La MINUSTAH non plus. Seule l’ambassade de France pourrait aider. C’est elle seule qui possède l’équipement et nous allons voir ce que nous pouvons faire.
Le Président René Préval arrive lui aussi. Après avoir été tout près de l’Ecole, il se réunit avec ses conseillers à un petit centre de santé du voisinage. Le Saintélus Medical Center. Ensemble, ils examinent comment faire pour libérer ses enfants.
Il est 6 heures du soir.
Les enfants sont toujours prisonniers à l’intérieur.
On ne sait pas combien exactement. Mais 80% de l’effectif de l’école se trouverait encore à l’intérieur, dit le Premier ministre.
La MINUSTAH demande à la foule de s’en aller.
Il faut faire de la place pour les ambulances. En effet, depuis 4 heures tous ceux qu’on arrive à sortir de l’Ecole, sont morts. Les 10 cadavres recouverts de drap blanc couchés dans la petite salle du début se sont multipliés. Ils sont plus d’une vingtaine. Il n’y a plus Aussi les gens s’en vont.
Les autorités prennent la relève.
Sur place, il y a aussi des médecins pour donner les premiers soins à ceux qui ne sont pas morts. Ils sont là, dans l’enceinte de l’école .
Quand arrivera t-on à dégager ces enfants ?
Avec l’arrivée de la nuit, on craint beaucoup pour les tous petits à l’intérieur.