INTERVENTION DE BRUNO RODRÍGUEZ, MINISTRE CUBAIN DES RELATIONS EXTÉRIEURES, À LA SESSION EXTRAORDINAIRE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ CONSACRÉE À HAÏTI, NEW YORK, le 6 avril 2011.

L’aide financière et matérielle promise, qu0iqu’insuffisante au regard de l’ampleur du problème, n’a pas été déboursée. La volonté du gouvernement haïtien n’a pas été respectée, non plus que ses priorités. La reconstruction d’Haïti envers laquelle nous nous étions tous engagés reste en attente.
Dans les mois qui ont suivi le terrible séisme, Haïti a été, semble-t-il, la proie des gouvernements des pays le plus puissants et industrialisés qui distribuaient leur aide, d’une manière arbitraire et arrogante, par le biais de leurs voraces compagnies et de certaines de leurs plus riches organisations non gouvernementales.

Les fonds et les ressources continuent de se canaliser en marge des programmes et du contrôle du gouvernement haïtien, ce qui conduit au gaspillage, à la corruption et à la satisfaction d’intérêts tout à fait marginaux ou sélectifs.
Cuba fait siennes les inquiétudes que les chefs d’État ou de gouvernement de la CARICOM ont exprimées dans le communiqué de leur Réunion intersessions du 26 février dernier, quand ils ont critiqué le Fonds de récupération et la Commission intérimaire de récupération d’Haïti et leurs méthodes de travail, et ont rappelé le respect dû aux priorités du gouvernement haïtien et l’insuffisance des ressources dégagées par rapport aux ressources promises.

Cuba a axé ses efforts sur le secteur qui peut avoir le plus d’impact, la santé publique, facteur clef de la durabilité et de la stabilité sociale d’Haïti.
En pleine coordination avec l’Alliance bolivarienne des peuples de Notre Amérique (ALBA) et selon les indications et priorités du gouvernement haïtien, nous avons œuvré inlassablement pour mettre en marche un programme de relèvement du système de santé national, dont la pierre de touche est de satisfaire aux besoins sanitaires des trois quarts de la population la plus nécessiteuse, aux moindres frais.

Nous avons prêté service dans vingt-trois hôpitaux communautaires de référence, dans trente salles de physiothérapie, dans treize établissements de santé, dans deux postes chirurgicaux ophtalmologiques et au Laboratoire de santé publique. Un Programme intégral d’hygiène et d’épidémiologie se déroule dans dix départements du pays.
Le programme de coopération promu par Cuba fait fond sur 1 117 coopérants sanitaires, dont 923 sont Cubains et 194 viennent d’autres pays, mais ont été diplômés à Cuba.

Les ressources apportées d’une manière solidaire et généreuse par le président de la République bolivarienne du Venezuela, Hugo Chávez Frías, ont été essentielles. Nous avons aussi œuvré étroitement avec le Brésil dans le cadre d’un accord tripartite avec Haïti.
Cuba a aussi reçu le soutien de plusieurs pays pour pouvoir exécuter ce programme de santé. La Namibie, la Norvège, l’Afrique du Sud, l’Australie et l’Espagne ont apporté, de pair avec des groupes de donateurs individuels, un peu plus de 3,5 millions de dollars.


Nous sommes prêts à travailler avec tout pays ou toute organisation qui, d’une manière rigoureusement humanitaire, en respectant le gouvernement haïtien et en pleine coordination avec lui, souhaiterait participer à la reconstruction et au développement de son système de santé.

Haïti n’a pas besoin de force d’occupation, pas plus qu’elle n’est et ne peut se convertir en un protectorat des Nations Unies.
Le rôle des Nations Unies est d’aider le gouvernement et le peuple haïtiens à consolider leur souveraineté et leur autodétermination. La MINUSTAH est restée dans ce pays avec un mandat tout à fait précis de promotion de la stabilité qu’il aurait fallu rigoureusement respecter. La MINUSTAH n’est pas habilitée à s’immiscer sur le plan politique dans des affaires intérieures qui ne relèvent que des Haïtiens. On ne saurait accepter qu’elle se mêle des choix électoraux ou qu’elle exerce des pressions sur les autorités souveraines dans un sens ou dans un autre. Elle n’est pas non plus habilitée à parler au nom d’Haïti.

Il faudrait, une bonne fois pour toutes, respecter le droit inaliénable du peuple haïtien à l’indépendance et à l’autodétermination.
Haïti a besoin de ressources pour se relever et se développer. Elle a besoin d’engagements humains, non d’ingérence ni de manipulation politique. Elle a besoin d’un tantinet de générosité, et non de tant d’égoïsme.
Je vous remercie.