Des membres de la police nationale haïtienne ont utilisé une force excessive contre des détenus et la mort d'au moins neuf personnes dans la capitale pourrait être attribuable à ces abus, selon deux rapports des Nations unies publiés mardi.
Les rapports du Haut commissariat aux droits de l'homme des Nations unies et de la section des droits de l'homme de la mission de l'ONU en Haïti (MINUSTAH) mettent l'accent sur des enquêtes impliquant 20 membres de la police nationale qui auraient commis des abus lors de six incidents distincts.
Ces allégations surviennent alors que le pays peine toujours à se remettre du séisme dévastateur de janvier 2010.
Le chef de la police haïtienne, Mario Andresol, a dit soutenir le rôle de surveillance des Nations unies et des autres groupes qui tentent d'aider la police à devenir plus professionnelle, mais a souligné que les responsables de la police prenaient déjà des mesures pour faire cesser les abus.
« Dans tous les cas dont nous avons été informés, nous avons pris des mesures disciplinaires », a-t-il dit à l'Associated Press lors d'une entrevue téléphonique.
Certains officiers cités dans les rapports ont été arrêtés et attendent leur procès, a dit M. Andresol. Il a affirmé que les cas d'abus mentionnés dans les rapports n'étaient pas représentatifs de l'ensemble de la force policière.
Mais les rapports notent que les responsables de la police n'ont pas pris de mesures appropriées contre les policiers soupçonnés d'exécutions extrajudiciaires et de torture. Dans certains cas, des policiers accusés ont été suspendus et emprisonnés quand des enquêtes ont été lancées, mais aucun d'entre eux n'a été reconnu coupable.
Dans plusieurs cas, les policiers suspendus ont réintégré leurs fonctions avant même la fin des enquêtes, selon les rapports.
Les informations à ce sujet ont été compilées après que la section des droits de la personne de l'ONU en Haïti eut reçu de nombreuses plaintes pour meurtres et exécutions extrajudiciaires, qui auraient été commis par des membres de la police haïtienne à partir d'octobre 2010.
Dans l'un des cas, trois hommes ont été interpellés par des policiers en mars dernier alors qu'ils affichaient des pancartes pour un candidat du deuxième tour de l'élection présidentielle. La police a forcé deux d'entre eux à monter dans un véhicule, tandis que le troisième est parti.
Les deux employés électoraux, Jeune Sterson et Louis Frantz, ont été emmenés dans un poste de police.
La section des droits de la personne de l'ONU « pense qu'il y a des motifs raisonnables de soupçonner que des policiers ont tué Jeune Sterson et Louis Frantz dans ce qui pourrait s'apparenter à des exécutions extrajudiciaires », affirme le rapport.
Cette affaire et les autres incidents relevés par la section des droits de la personne de l'ONU en Haïti ne représentent qu'une portion des décès survenus en détention au cours de l'année écoulée, indique le rapport.

The Associated Press